CHINE AFRIQUE

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jeudi 6 septembre 2012

"La Chine en Afrique est une alternative au modèle occidental" – SECOURS CATHOLIQUE – Caritas France

"La Chine en Afrique est une alternative au modèle occidental" – SECOURS CATHOLIQUE – Caritas France

"La présence chinoise en Afrique noire est-elle un atout ou un facteur de déstabilisation ?" La première conférence-sandwich de la rentrée au Secours Catholique portait sur ce thème qu’a brillamment développé Mérick Freedy Alagbe.

crédit : Elodie Perriot/Secours Catholique Freedy Alagbe lors de la conférence - sandwich dans la salle Jean Rodhain du Secours Catholique. -  JPEG - 163.7 ko
crédit : Elodie Perriot/Secours Catholique
Freedy Alagbe lors de la conférence - sandwich dans la salle Jean Rodhain du Secours Catholique.
Mérick Freedy Alagbe, que ses collègues appellent Freedy, était l’invité mercredi 5 septembre d’Antoine Sondag, l’organisateur des conférences-sandwich au Secours Catholique. Chargé de projet au département Afrique, ce jeune homme de 32 ans, originaire du Bénin, est aussi l’auteur d’une thèse, soutenue dernièrement devant l’université de Lyon III, intitulée ""La coopération sino-africaine à travers le FOCAC : Contribution à une analyse empirique et théorique de la présence chinoise en Afrique noire". C’est donc, avec beaucoup d’aisance et de clarté, que Freedy a exposé devant un auditoire nombreux le fruit de ses recherches.

Les relations sino-africaines ne datent pas d’hier. Elles remontent au 16ème siècle, un temps où les Européens n’étaient pas les seuls à naviguer à la découverte du monde. Mais c’est à la fin de la "Guerre froide" que la Chine s’intéresse avec plus d’acuité à l’Afrique. Le continent n’est plus l’élément géostratégique des Soviétiques et des Américains, et les Chinois, qui se considèrent comme le plus grand peuple sous-développé sur terre, voient en l’Afrique un partenaire et un marché plein de potentialités. A partir de l’an 2000, et avec l’adoption de la Déclaration de Beijing, la présence de la Chine en Afrique s’intensifie.

"Go global"

La Chine a les contraintes économiques et politiques que l’on sait : une démographie pléthorique et une dépendance énergétique colossale. Les marchés pour écouler ses productions sont saturés en Asie et semés d’embuches en Europe comme aux États-Unis. Toujours à l’intérieur de ses frontières, la Chine doit supporter un exode rural qui étouffe son marché de l’emploi, érige des bidonvilles aux portes de ses mégapoles et attise les revendications syndicales et politiques. La politique du "go global", celle qui incite les citoyens chinois à partir faire fortune de par le vaste monde, est largement encouragée.

En 2001, l’Afrique de son côté prend en main son développement économique et son avenir politique par deux initiatives notables : le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD) et l’Union Africaine (refonte de l’OUA). A la recherche de nouvelles sources de financement, l’Afrique se laisse séduire par l’ascension fulgurante des Chinois et trouve en eux un pays leader capable de parler en son nom.

3197,5 milliards de dollars en devises étrangères

Avec la création du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), les échanges politiques et les coopérations économiques et commerciales se multiplient à un moment où la Chine se positionne comme une grande puissance. Le pays a un taux de croissance à deux chiffres et devient la deuxième puissance économique mondiale. Ses réserves en devises étrangères s’élèvent à 3197,5 milliards de dollars. En 2008, le volume d’échanges entre la Chine et l’Afrique franchit la barre des 100 milliards de dollars.

Contrairement aux anciennes colonies françaises, anglaises ou portugaises, la Chine n’a pas de pré-carré en Afrique ou ailleurs. Elle apporte sa coopération aux États sans aucune distinction et travaille même avec les sous-régions du continent. Cette coopération consiste pour les Chinois à construire des infrastructures et en échange les Africains les remboursent en matières premières.

La Chine trouve beaucoup d’avantages à cette coopération. Les contractants ne fourrent pas leur nez dans leurs affaires intérieures respectives. Et les Africains évitent de donner des leçons sur les droits de l’Homme.

Que des effets positifs ?

N’y aurait-il que des effets positifs à cette coopération d’un nouveau genre ? Freedy estime que l’Afrique a essayé pendant des décennies de se développer avec les aides des Européens et des Américains, en vain. "La présence de la Chine est une alternative pour les pays africains. Cela leur permet d’obtenir des capitaux".

Mais les contrats souffrent d’un manque de transparence. De nombreuses activités chinoises en Afrique ne respectent pas les normes environnementales, les conditions de travail sont parfois dégradantes et on note de nombreuses tensions entre les communautés locales et la main d’œuvre importée de Chine.

Contrairement aux pays occidentaux, la Chine ne donne pas d’argent à l’Afrique, elle le lui prête. A la question d’une personne de l’assistance qui demandait si il n’y avait pas un risque que les Africains remboursent les crédits chinois avec l’argent de l’aide de l’Occident, Freedy répond : "C’est ce qu’il se passe déjà".

Jacques Duffaut

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