La Zambie veut rassurer les Chinois après le meurtre d'un cadre dans une mine | Slate Afrique
Le gouvernement Zambien a tenté cette semaine de rassurer les investisseurs chinois, très présents dans le pays, affolés par le meurtre d'un cadre chinois par ses ouvriers dans une mine du sud du pays, à propos d'un conflit salarial.
L'incident n'est pas pris à la légère par le pouvoir, alors que les compagnies minières chinoises sont régulièrement accusées d'exploiter les ouvriers zambiens dans des conditions indécentes.
La Chine est le principal investisseur étranger du pays, avec plus de 6 milliards de dollars depuis 2007. Les Chinois sont omniprésents dans le secteur minier, et notamment dans le cuivre, qui représente les trois quarts des exportations du pays et les deux tiers des revenus de l'Etat.
"Au nom du gouvernement, nous assurons la communauté chinoise de la mine de Collum Coal et les investisseurs en général, que la Zambie est un pays sûr pour eux et pour leurs investissements", a déclaré le porte-parole du gouvernement Kennedy Sakeni.
"Le gouvernement regrette profondément la mort d'un cadre chinois, tué pendant une manifestation d'ouvriers à propos de revendications salariales à Sinazongwe".
Samedi, les employés de la mine de charbon de Collum Coal, située à Sinazongwe, à 325 km au sud de Lusaka, se sont révoltés samedi pour protester contre un retard à instaurer un salaire minimum de 220 dollars mensuels.
Un manager chinois, Wu Shengzai, 50 ans, est mort après avoir été touché par un chariot poussé vers lui par des mineurs au moment où il courait se réfugier sous terre. L'un de ses collègues a été blessé.
La presse zambienne rapportait mardi et mercredi que les Chinois de la mine étaient terrés dans leurs maisons par peur de nouvelles violences.
Douze personnes ont été arrêtées lundi dans le cadre de l'enquête. Un mineur a été inculpé de meurtre mercredi, les autres étant uniquement poursuivis pour avoir pris part à l'émeute.
En novembre 2011, un rapport de l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) avait dénoncé les pratiques des compagnies minières chinoises.
Ventilation insuffisante pouvant entraîner de graves maladies pulmonaires, non-remplacement des équipements de protection endommagés, menaces fréquentes de licenciement visant les travailleurs qui refusent de travailler dans des endroits dangereux, étaient les principaux griefs.
La syndicalisation est également découragée, selon HRW.
En 2010, deux responsables chinois de la même mine de Collum Coal avaient été poursuivis en justice pour tentative de meurtre. Ils étaient accusés d'avoir tiré sur des mineurs qui manifestaient, faisant onze blessés.
Le président zambien Michael Sata, après avoir fortement critiqué la présence des Chinois alors qu'il était dans l'opposition, a soudain affirmé qu'ils étaient les bienvenus après avoir accédé au pouvoir en septembre 2011.
Jusqu'à présent, la Zambie s'est d'ailleurs toujours enorgueillie de sa tradition d'hospitalité et des bonnes relations qu'elle entretient avec les investisseurs étrangers.
"C'est un incident malheureux et malvenu, il va à l'encontre de la nature pacifique et hospitalière de la société zambienne", a cru devoir préciser le porte-parole du gouvernement.
Le ministre du Travail Fackson Shamenda a promis pour sa part que la Justice ne ferait aucun traitement de faveur aux personnes arrêtées, qui devaient comparaître dès mercredi devant un tribunal régional.
"Il n'y aura pas de vache sacrée, et ceux qui seront reconnus coupables encourront les foudres de la loi", a lancé le ministre.
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