Par Adam Sandle, Traducteur - 13/08/2012
En juillet 2012, le ministère du commerce Chinois annonçait un doublement des crédits, de 20 milliards de dollars, accordés au développement africain
Cette augmentation fut accompagnée d’une seconde annonce tout aussi fracassante: la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Afrique, une présence malvenue pour certains bailleurs de fonds traditionnels, mais une présence nécessaire pour un secteur en particulier: l’agriculture africaine, un terrain où le contrôle de l’Europe semble avoir échoué. L’Europe fête cette année ses 50 ans de Politique Agricole Commune (PAC). Fragilisée dans les années 1990 - 2000 par le cycle de Doha qui a fait de l’agriculture un axe principal de négociation internationale, la PAC s’est maintenue dans une version plus respectueuse des règles de la concurrence internationale. Un fossé s’est néanmoins creusé entre les pays ayant les moyens de soutenir leurs agriculteurs (comme en Europe ou aux États-Unis) et ceux dont les capacités financières sont insuffisantes pour lutter sur le plan international et dont on a exigé qu’ils ouvrent leur marché alimentaire. Dès lors, la présence grandissante de la Chine sur le continent africain peut-elle changer la donne?
Faut-il parler d'invasion?
Relations nord-sud: déséquilibres et manque d’équité
Les discussions internationales dans le cadre de l’OMC (l’Uruguay Round et le Cycle de Doha) avaient prétendument tenté d'atténuer ces différences en terme de performances agricoles à travers des mécanismes de libéralisation des marchés censés bénéficier aux pays émergents. Pourtant, dès 2006, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a émis des réticences quant à l'efficacité des dispositifs mis en oeuvre. Pour la FAO, le cycle de Doha a manqué d’équité dans sa vision et les négociations n’ont porté que sur les problèmes de haut niveaux de soutien budgétaire dans plusieurs pays développés (en Europe notamment). Ainsi, les pays les plus pauvres ont très peu bénéficié des discussions. On attendait de ces derniers qu’ils ouvrent leurs marchés, sans contrepartie, afin de faciliter leurs exportations.
Une réduction significative de l’aide publique internationale a l’agriculture
A la fin des années 1980, face aux difficultés de l’Afrique à consolider sa filière agricole autant sur le plan mondial que local, la communauté internationale a souhaité mettre en place un certain nombre de programmes d’aide au développement et de soutien à l’agriculture. L'Union Européenne a initié plusieurs plans de coopération au niveau continental et régional pour le développement agricole en Afrique grâce à une collaboration avec l’Union Africaine. Cette collaboration Nord-Sud devait permettre de renforcer les capacités africaines à développer une agriculture reposant sur une intensification de la production et sur une modernisation des ses infrastructures agricoles. De nombreux programmes internationaux ont vu le jour, certains sont morts nés, d’autres ont été bénéfiques. A ce titre, les efforts consentis par le Fond International pour le développement de l’agriculture (IFAD) ont eu des retombés significatives dans certains pays africains.
Quelle chinafrique?
La présence d’entreprises chinoises en Afrique ainsi que l’existence de relations diplomatiques fortes entre la République Populaire de Chine et certains pays africains est devenue un poncif de la littérature. Beaucoup se sont penchés sur la place que la Chine entendait occuper à travers sa présence en Afrique. Ce constat a soulevé une certaine inquiétude de la part des bailleurs de fonds traditionnels. Cette inquiétude s’explique par le fait que la Chine brise certains monopoles et contourne les canons historiques en matière de coopération internationale. En tout état de cause, il faut reconnaître que les efforts d’investissements des entreprises chinoises et l’aide publique apportée par le gouvernement chinois participent au développement de l’agriculture africaine. Qui plus est, cette aide est rarement assortie d’une quelconque conditionnalité, contrairement aux consensus traditionnels d’aide internationale. Jean Raphael Caponnière, dans “Les investissements agricoles de la Chine” de la revue Afrique Contemporaine, revient sur les trois phases qui ont marqué l’évolution de la présence chinoise en Afrique au cours des 50 dernières années.
Les discussions internationales dans le cadre de l’OMC (l’Uruguay Round et le Cycle de Doha) avaient prétendument tenté d'atténuer ces différences en terme de performances agricoles à travers des mécanismes de libéralisation des marchés censés bénéficier aux pays émergents. Pourtant, dès 2006, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a émis des réticences quant à l'efficacité des dispositifs mis en oeuvre. Pour la FAO, le cycle de Doha a manqué d’équité dans sa vision et les négociations n’ont porté que sur les problèmes de haut niveaux de soutien budgétaire dans plusieurs pays développés (en Europe notamment). Ainsi, les pays les plus pauvres ont très peu bénéficié des discussions. On attendait de ces derniers qu’ils ouvrent leurs marchés, sans contrepartie, afin de faciliter leurs exportations.
Une réduction significative de l’aide publique internationale a l’agriculture
A la fin des années 1980, face aux difficultés de l’Afrique à consolider sa filière agricole autant sur le plan mondial que local, la communauté internationale a souhaité mettre en place un certain nombre de programmes d’aide au développement et de soutien à l’agriculture. L'Union Européenne a initié plusieurs plans de coopération au niveau continental et régional pour le développement agricole en Afrique grâce à une collaboration avec l’Union Africaine. Cette collaboration Nord-Sud devait permettre de renforcer les capacités africaines à développer une agriculture reposant sur une intensification de la production et sur une modernisation des ses infrastructures agricoles. De nombreux programmes internationaux ont vu le jour, certains sont morts nés, d’autres ont été bénéfiques. A ce titre, les efforts consentis par le Fond International pour le développement de l’agriculture (IFAD) ont eu des retombés significatives dans certains pays africains.
Quelle chinafrique?
La présence d’entreprises chinoises en Afrique ainsi que l’existence de relations diplomatiques fortes entre la République Populaire de Chine et certains pays africains est devenue un poncif de la littérature. Beaucoup se sont penchés sur la place que la Chine entendait occuper à travers sa présence en Afrique. Ce constat a soulevé une certaine inquiétude de la part des bailleurs de fonds traditionnels. Cette inquiétude s’explique par le fait que la Chine brise certains monopoles et contourne les canons historiques en matière de coopération internationale. En tout état de cause, il faut reconnaître que les efforts d’investissements des entreprises chinoises et l’aide publique apportée par le gouvernement chinois participent au développement de l’agriculture africaine. Qui plus est, cette aide est rarement assortie d’une quelconque conditionnalité, contrairement aux consensus traditionnels d’aide internationale. Jean Raphael Caponnière, dans “Les investissements agricoles de la Chine” de la revue Afrique Contemporaine, revient sur les trois phases qui ont marqué l’évolution de la présence chinoise en Afrique au cours des 50 dernières années.
Une présence chinoise bénéfique
Alors que la Chine avait timidement initié son soutien à l’agriculture en offrant de l’aide alimentaire à la Guinée en 1959, elle s’affirme aujourd’hui de manière institutionnelle. Ces collaborations Sud-Sud sont le résultat du travail de nombreux acteurs internationaux qui valorisent le développement de projets alimentaires en Afrique grâce à des partenaires chinois. On peut ainsi citer à titre d’exemple Pierson Capital Asia, société fondée par Pierre Falcone, qui s’est imposée comme un acteur important dans les relations entre les pays d’Afrique Centrale et la Chine. Le groupe Pierson Capital est à l’origine de nombreux projets alimentaires en Afrique, notamment au Ghana ou en Angola. Il a également joué un rôle important dans le développement d’infrastructures routières (au Congo par exemple) permettant d’améliorer les canaux de distribution de denrées alimentaires.
N’en déplaise à certains, cette collaboration sino-africaine est une véritable aubaine pour les pays d’Afrique. Elle se traduit par des apports significatifs de capitaux qui font défaut. Plus encore, ces relations sont la garantie de transferts technologiques et de partage de savoir faire indéniablement utiles au développement d’une agriculture performante et moderne. Grâce à leurs savoir-faire, les acteurs économiques chinois ont introduit des pratiques agricoles économes en eau et en sol, ce qui est également un atout considérable pour le contient. A l’opposé, l’Afrique trouve des opportunités d’exportation de ses produits vers la Chine (notamment dans la filière du coton). Certains acteurs institutionnels ou médiatiques soulignent que ce soutien chinois auprès de l’Afrique n’est pas désintéressé et qu’en raison de la flambée des prix des matières premières en 2008, la Chine espère se prémunir contre un potentiel risque alimentaire. Pourtant, les investissements agricoles chinois ne représentent que 3% de l’ensemble de l'accaparement foncier africain. Cela semble être trop peu pour soutenir une véritable politique de sécurisation alimentaire.
Alors que la Chine avait timidement initié son soutien à l’agriculture en offrant de l’aide alimentaire à la Guinée en 1959, elle s’affirme aujourd’hui de manière institutionnelle. Ces collaborations Sud-Sud sont le résultat du travail de nombreux acteurs internationaux qui valorisent le développement de projets alimentaires en Afrique grâce à des partenaires chinois. On peut ainsi citer à titre d’exemple Pierson Capital Asia, société fondée par Pierre Falcone, qui s’est imposée comme un acteur important dans les relations entre les pays d’Afrique Centrale et la Chine. Le groupe Pierson Capital est à l’origine de nombreux projets alimentaires en Afrique, notamment au Ghana ou en Angola. Il a également joué un rôle important dans le développement d’infrastructures routières (au Congo par exemple) permettant d’améliorer les canaux de distribution de denrées alimentaires.
N’en déplaise à certains, cette collaboration sino-africaine est une véritable aubaine pour les pays d’Afrique. Elle se traduit par des apports significatifs de capitaux qui font défaut. Plus encore, ces relations sont la garantie de transferts technologiques et de partage de savoir faire indéniablement utiles au développement d’une agriculture performante et moderne. Grâce à leurs savoir-faire, les acteurs économiques chinois ont introduit des pratiques agricoles économes en eau et en sol, ce qui est également un atout considérable pour le contient. A l’opposé, l’Afrique trouve des opportunités d’exportation de ses produits vers la Chine (notamment dans la filière du coton). Certains acteurs institutionnels ou médiatiques soulignent que ce soutien chinois auprès de l’Afrique n’est pas désintéressé et qu’en raison de la flambée des prix des matières premières en 2008, la Chine espère se prémunir contre un potentiel risque alimentaire. Pourtant, les investissements agricoles chinois ne représentent que 3% de l’ensemble de l'accaparement foncier africain. Cela semble être trop peu pour soutenir une véritable politique de sécurisation alimentaire.
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