CHINE AFRIQUE

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samedi 25 décembre 2010

La Chine populaire entre à l'ONU

La Chine populaire entre à l'ONU: "Le 25 octobre 1971, l'Assemblée générale des Nations unies adoptait une résolution décidant « le rétablissement de la République populaire de Chine dans tous ses droits et la reconnaissance des représentants de son gouvernement comme les seuls représentants légitimes de la Chine à l'Organisation des Nations unies, ainsi que l'expulsion immédiate des représentants de Tchang Kaï-chek du siège qu'ils occupent illégalement à l'Organisation des Nations unies et dans tous les organismes qui s'y rattachent ».
Cette résolution avait été présentée, une fois de plus, par l'Albanie communiste avec l'appui de vingt-deux autres pays. Elle fut adoptée à l'issue d'un débat de six jours, par 76 voix contre 35 et 17 abstentions. Était rejetée du même coup une autre résolution présentée par les États-Unis et appuyée par dix-huit pays, qui demandait le maintien de la représentation de la République de Chine, celle de Tchang Kaï-chek (qu'on écrit aujourd'hui Jiang-Jieshi), autrement dit Taïwan.
De tous les continents, l'Afrique fut celui qui émit le plus de votes favorables à l'admission de la Chine populaire (26 voix), suivi par l'Europe (24 voix). Quatorze États africains et seulement un pays européen, Malte, votèrent contre la résolution albanaise. La France, qui avait reconnu la République populaire de Chine dès janvier 1964, vota pour.

Comment en est-on arrivé là ?
Non seulement la Chine de Tchang Kaï-chek faisait partie des cinquante États qui avaient signé, le 26 juin 1945 à San Francisco, la Charte des Nations unies fondatrice de l'ONU, mais elle était l'un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité. Bien qu'il eût créé en 1931 une « République soviétique chinoise », Mao Zedong était à l'époque encore loin de détenir le pouvoir qui lui permettrait, le 1er octobre 1949, de proclamer à Pékin la République populaire de Chine et de contraindre, en décembre, Tchang Kaï-chek à se réfugier à Taiwan.
Les folies du Grand Bond en avant, de 1958 à 1961, qui provoquèrent l'une des plus grandes famines de l'Histoire et 20 millions de morts, ne furent pas corrigées, de 1966 à 1969, par les aberrations de la Révolution culturelle. À l'extérieur, la guerre de Corée (1950-1953), puis l'intervention des États-Unis au Vietnam, à partir de 1965, n'étaient pas faites non plus pour faciliter les relations de la Chine de Mao avec l'Amérique. Pis, les liens qui paraissaient aller de soi entre Pékin et Moscou dégénérèrent très vite. Après le traité d'amitié signé avec l'URSS en 1950, le voyage de Nikita Khrouchtchev à Pékin, en 1959, est un échec. Dans les années 1960, et en particulier en 1969 sur l'Oussouri, les incidents se multiplient et s'aggravent à la frontière sino-soviétique - au point que les Américains craignent un « conflit militaire » qui les contraindrait à des « choix cauchemardesques », écrira Henry Kissinger. Ce fut là, en réalité, le facteur décisif du changement de cap.
Kissinger est alors l'assistant du président Richard Nixon pour les affaires de sécurité nationale (il ne sera secrétaire d'État qu'en 1973). En Union soviétique, la troïka Brejnev-Kossyguine-Podgorny a remplacé Khrouchtchev. La guerre froide est désormais un peu moins crispée, comme en témoignent les négociations sur la limitation des armes stratégiques (SALT). Nixon et Kissinger, pour leur part, cherchent à se sortir du guêpier vietnamien. À l'insu du secrétaire d'État William Rogers et persuadés que la Chine a besoin des États-Unis en Asie pour faire contrepoids à l'URSS, ils mettent au point une « diplomatie triangulaire ». Après plusieurs mois de contacts secrets passant par la France, la Roumanie et le Pakistan, et des épisodes spectaculaires comme les matchs de ping-pong entre joueurs chinois et américains, elle aboutira au voyage de Kissinger à Pékin, les 9 et 11 juillet 1971, puis à celui, historique, du président Nixon en février 1972.
Dans ce contexte, malgré les efforts déployés à l'ONU par un ambassadeur américain « jeune et plein d'allant » (Jeune Afrique dixit : il s'appelait George Herbert Bush...), le sort de Tchang Kaï-chek n'avait plus qu'une importance secondaire. La bataille des deux Chines était perdue d'avance. Il fallait seulement la mener pour des raisons de politique intérieure américaine.

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