Alors que Pékin accueille aujourd'hui des représentants africains, Ubifrance tente d'aider des sociétés hexagonales à participer sur place aux projets des groupes chinois.
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La Chine est-elle devenue le plus court chemin vers l'Afrique ? A l'évidence, en matière économique, elle en est désormais l'une des portes d'entrée. En témoigne la cohorte de ministres africains réunis aujourd'hui dans la capitale chinoise (lire ci-dessous). Partant de ce constat, Ubifrance a organisé, début juillet, un séminaire réunissant à Pékin une trentaine d'entreprises françaises pour leur faciliter l'accès aux marchés du continent noir. L'idée : s'associer à des groupes chinois pour remporter des marchés. Et profiter, par cette occasion, des généreux financements que débloque la Chine.
« Il y a eu une période au cours de laquelle les sociétés chinoises ne s'embarrassaient pas de coopération en Afrique », analyse Vincent Perrin, le directeur du bureau Ubifrance de Pékin. « Mais aujourd'hui, celles-ci sont arrivées à une phase de maturité et elles prennent conscience de leurs limites », poursuit-il. Compétitifs, les grands groupes chinois d'infrastructures, de télécommunications ou d'énergie le sont. Mais « les sociétés françaises ont souvent sur place une connaissance du terrain, un historique dans le pays, une maîtrise des normes de qualité qui peuvent représenter un plus pour ces entreprises chinoises », estime Vincent Perrin. D'où l'idée de présenter des offres conjointes. Et de bénéficier ainsi, à la marge, des financements chinois. Ce que confirme un membre de l'Eximbank, la banque chinoise dont la mission est de financer les activités à l'étranger des groupes chinois : « Pour les projets d'exportation d'équipements, il suffit que la moitié du budget revienne à des groupes chinois pour que le projet soit éligible aux financements Eximbank. » Manifestement las d'être accusé de servir les visées hégémoniques de son pays, il précise que son institution fait « strictement la même chose que les banques équivalentes du Japon ou de Corée du Sud ».
Une expertise précieuse
Olivier Berthelat, le directeur international du groupe Cahors, spécialisé dans les systèmes électriques, a participé au séminaire Ubifrance. « En Afrique, les financements européens sont en nette baisse, tandis que ceux de la Chine connaissent l'évolution inverse », note-t-il en constatant que le phénomène concerne tout le continent. Conclusion : « Mieux vaut faire avec les Chinois que pas du tout. » Comme les réseaux électriques d'Afrique francophone sont bâtis sur les normes françaises, son groupe garde sur place une expertise précieuse.
A Maurice, l'extension de l'aéroport a été confiée à un consortium emmené par Beijing Construction Engineering, un groupe de BTP chinois. Mais l'étude de faisabilité et les plans ont échu, eux, à Aéroports de Paris. Ce projet d'un demi-milliard de dollars a été en partie financé par l'Eximbank. La Société Générale est un autre cas concret. « Au Maghreb, les gens ne parlent pas du tout anglais », explique Ben Zang, qui dirige le département des financements du commerce au sein de la filiale chinoise du groupe français. « Nous avons donc signé un partenariat avec Bank of China pour fournir là-bas des prestations en son nom », ajoute-t-il.
« Des alliances globales »
« La France et la Chine ne sont pas des pays rivaux en Afrique », veut donc croire Sylvie Bermann, ambassadeur de France en Chine. Reste à savoir si glaner çà et là quelques financements chinois est à la hauteur de l'enjeu. Pour Frédéric Beraha, qui pilote des projets industriels en Chine depuis plus de vingt ans, il est surtout temps « que la France réalise ce qu'est la Chine aujourd'hui, à savoir une puissance comparable à ce qu'étaient les Etats-Unis il y a quelques décennies, et qu'elle s'adapte à cette nouvelle donne ». L'heure est venue de prendre la Chine au sérieux et de nouer avec elle « non pas des partenariats au coup par coup, mais des alliances globales, éventuellement capitalistiques, afin de s'arrimer pour de bon à sa dynamique ».
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