Mise à jour le jeudi 19 juillet 2012 à 11 h 47 HAE
Le président chinois Hu Jintao reçoit ses homologues africains à Pékin. © AFP/HOW HWEE YOUNG
Pékin va doubler le montant de ses prêts aux pays africains durant les trois prochaines années. Le président chinois Hu Jintao en a lui-même fait l'annonce jeudi lors de l'ouverture de la cinquième conférence ministérielle du Forum de coopération Chine-Afrique (FOCAC) qui se déroule à Pékin.
Sous couvert d'amitié, ces crédits témoignent de la volonté de l'Empire du Milieu de renforcer sa présence économique sur le continent.
Ces nouveaux prêts d'un montant de 20 milliards de dollars, dont la durée n'a pas été dévoilée, serviront à financer des projets d'infrastructure, d'agriculture, d'industrie et le développement des petites et moyennes entreprises, a précisé Hu Jintao. Dans son discours d'ouverture, le président chinois a souligné que les destins de la Chine et de l'Afrique « sont étroitement liés ».
« Nous souhaitons continuer à améliorer notre amitié traditionnelle [...], à écarter toute ingérence et à améliorer notre compréhension et notre confiance mutuelles », a-t-il déclaré. M. Hu a ajouté que la Chine soutenait « de tout coeur et avec sincérité la voie de développement choisie par les pays africains », présentant son pays comme un « ami » et un « frère » de l'Afrique.
Depuis trois ans, Pékin est devenu le premier partenaire commercial du continent africain. Les échanges ont atteint l'an dernier le montant record de 166 milliards de dollars, en hausse de 83 % par rapport à 2009 selon les chiffres du ministère chinois du Commerce.
Dans un même temps, les investissements directs chinois ont progressé de 60 %, pour atteindre 14,7 milliards de dollars à la fin 2011. Plus de 2000 entreprises chinoises sont désormais présentes en Afrique, en nom propre ou par l'entremise de partenariats avec des sociétés locales.
Pour les pays africains, les relations commerciales avec Pékin ouvrent de nouveaux horizons de développement et de nouveaux débouchés. Au cours de la dernière décennie, les exportations africaines vers la Chine sont ainsi passées de 5,6 milliards à 93,2 milliards de dollars.
L'Afrique et ses richesses naturelles
À l'inverse, le continent noir représente pour les entreprises chinoises un marché d'un milliard de consommateurs, dont le niveau de vie tend à s'élever. Mais si l'Afrique intéresse tant la Chine, c'est surtout pour ses ressources naturelles - pétrole et métaux notamment - dont l'Empire du Milieu a grandement besoin pour maintenir sa croissance économique. Pour preuve, la majorité des investissements chinois sont concentrés dans les raffineries, les oléoducs, les mines ou les complexes pétrochimiques.
Présent au Forum de coopération Chine-Afrique, le président sud-africain Jacob Zuma a mis la Chine en garde contre la persistance d'une relation commerciale déséquilibrée, dans laquelle l'Afrique fournirait avant tout des matières premières. « Ce modèle de commerce n'est pas viable sur le long terme », a-t-il prévenu. « L'expérience économique de l'Afrique avec l'Europe dans le passé appelle à la prudence avant d'engager des partenariats avec d'autres économies », a ajouté M. Zuma.
Le président chinois Hu Jintao. © AFP/ANDY WONG
En Europe justement, les investissements massifs de la Chine en Afrique ne sont pas vus d'un bon oeil. Les anciennes puissances coloniales accusent Pékin de verser de l'argent sans tenir compte des atteintes aux droits de la personne ou de la corruption dans certains pays africains. Les entreprises chinoises sont également critiquées parce qu'elles font venir sur place leurs propres ouvriers, ne respectent pas le droit du travail du pays hôte ou maltraitent leurs employés locaux.
Le ministre chinois des Affaires étrangères Yang Jiechi avait d'ailleurs reconnu l'existence de problèmes lors d'une récente visite en Namibie. « Je ne dis pas que chaque société chinoise a un comportement irréprochable », avait-il admis.
« La coopération avec la Chine crée des opportunités pour les pays africains de diversifier leurs économies, de créer des emplois et d'améliorer la santé et l'éducation. » — Ban ki-moon, secrétaire général de l'ONU
Afin de couper court à cette polémique, les entrepreneurs chinois présents en Afrique ont signé jeudi une « déclaration de responsabilité sociale » dans laquelle ils s'engagent à « respecter les coutumes locales, accélérer les transferts de technologie, contribuer davantage à l'impôt local et protéger l'environnement ».
Quoi qu'il en soit, les critiques européennes suscitent régulièrement la colère des autorités chinoises, qui n'acceptent pas d'être présentées comme de nouveaux colons. « La Chine soutient avec sincérité les pays africains engagés sur une voie de développement qui leur est propre et leur capacité à se développer de façon indépendante », a tenu à souligner Hu Jintao. La Chine, a-t-il ajouté, « continuera d'accroître son aide à l'Afrique de sorte que le peuple africain puisse tirer les bénéfices du développement ».
Les remontrances occidentales sont également rejetées par l'Afrique. Le président sud-africain Jacob Zuma est ainsi « convaincu que les intentions de la Chine diffèrent de celles de l'Europe, laquelle, à ce jour, continue de chercher à influencer les pays africains à son seul intérêt ».
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