Les téléspectateurs africains gavés de télénovelas sud-américaines bon marché diffusées par un géant chinois de l’audiovisuel (Star Times). Bienvenue dans l’ère de la mondialisation… avec en toile de fond le secteur audiovisuel menacé par les visées non revendiquées de soft-power de l’Empire du Milieu !
Non subventionné. Ne pouvant compter que sur des revenus publicitaires très limités. Le secteur de la production audiovisuelle africaine est une proie facile pour les appétits hégémoniques de la Chine. Et tant pis pour la diversité culturelle… et même au-delà, la préservation d’un modèle audiovisuel original.
Car le tsunami Star Times qui déferle sur l’Afrique menace tout sur son passage avec un modèle économique diablement efficace : une télévision low-cost bâtie sur un patchwork de programmes internationaux de seconde zone.
Trop chères pour des capacités de production locales limitées, les expériences de créations originales qui fleurissent du Burkina Faso au Sénégal en passant par le Ghana ou le Nigeria sont fragiles. Pour autant, il serait dommage d’offrir un menu unique au téléspectateurs africains : une soupe mondialisée de programmes sans âmes achetés en Amérique du Sud ou en Asie.
Les séries africaines, qui peuvent paraître kitch vues de l’Occident, n’en sont pas moins le reflet d’une créativité originale et propre à la culture du continent. La série burkinabé « Ma famille au Commissariat de Tampy » est par exemple un succès continental, mais son modèle économique demeure fragile.
Il est beaucoup plus simple, moins cher et moins risqué de se contenter de racheter les droits de séries mondialisées déjà rentabilisées sur leurs marchés nationaux et à l’international… Attention, pas question de proposer au public africain les soaps états-uniens auxquels ont droit les européens ! La bouillie audiovisuelle promise aux Africains (qui goutent déjà l’amère potion depuis de nombreuses années) est encore plus bas de gamme.
La lame de fond Star Times, a aujourd’hui frappé de nombreux pays subsahariens. Mais les ambitions du géant chinois ne s’arrêtent pas là et c’est toute l’Afrique qu’il compte demain recouvrir de ses paraboles et de ses programmes au rabais. Une volonté économique indéniable de conquérir des parts de marché… mais aussi une ambition politique de la Chine.
Car en prenant le contrôle de la télévision, à l’heure où la TNT arrive aux quatre coins du continent, c’est une arme de combat culturel de premier choix que Beijing aurait entre les mains. Et quand on connait les appétits chinois en Afrique (notamment dans les secteurs des matières premières), on comprend mieux que l’offensive africaine de Star Times n’a peut-être pas seulement à voir avec la télévision africaine, un marché qui en est encore à ses balbutiements.
Et tant pis si au passage il faut passer sur le corps de la production culturelle d’un continent entier
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