L'Afrique doit adopter des politiques industrielles crédibles et promouvoir des organismes efficaces chargés de la politique industrielle afin de renforcer la transformation structurelle du continent, préconise un rapport récemment publié par la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA) et l'Union africaine (UA).
Constatant la croissance impressionnante de l'Afrique au cours de la dernière décennie sur fond d'inflation des prix pour les produits de base, ainsi que l'expansion des liens en matière de commerce et d'investissement avec les pays émergents, le rapport précise que l'industrialisation est un "préalable à la réalisation par l'Afrique d'une croissance économique inclusive et durable".
CLÉ POUR UNE CROISSANCE SOUTENABLE
En décembre dernier, dans la Déclaration de Lima adoptée par sa 15e Assemblée générale, l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) avait déjà indiqué qu'un développement industriel "inclusif et durable" constituerait la base d'une croissance durable pour le continent africain.
En fait, le continent africain est riche en ressources minérales, mais certains pays comptent sur les exportations de ressources pour maintenir une forte croissance économique, un modèle qui ne peut être durable, selon le secrétaire général de l'ONUDI Li Yong.
En 2013, en lançant l'Agenda 2063 lors d'un sommet de l'Union africaine, la présidente de la commission de l'organe panafricain Nkosazana Dlamini-Zuma a indiqué que l'Afrique ne pourrait éradiquer la pauvreté ni réaliser un développement durable sans une véritable industrialisation.
"Les propos de Mme Dlamini-Zuma constituent un signal important, et je pense qu'elle a choisi la bonne voie", a indiqué à Xinhua Li Yong, ajoutant que "l'histoire montre que le développement industriel est un moyen important de promouvoir la croissance économique", et qu'"aucun pays développé ne pourra élever les revenus de son peuple sans développement industriel".
Pour des raisons historiques, et faute de capitaux et de technologies nécessaires, l'Afrique a été incapable d'établir elle-même un système industriel complet, ce qui a entraîné un développement industriel très modeste. A la fin des années 1980, la production industrielle de l'Afrique ne représentait que 0,7% du total mondial.
Face à cette situation, de nombreux pays africains commencent à se mobiliser : le Maroc a lancé une nouvelle stratégie d'accélération industrielle (2014-2020), le Bénin envisage de faire passer la contribution de l'industrie manufacturière au Produit intérieur brut (PIB) de 8,5% à 15%, tandis que d'autres pays ont établi des parcs industriels, une approche qui présente de fortes possibilités de croissance et de création de valeur ajoutée.
Pour sa part, l'ONUDI accordera une attention et un soutien particuliers aux pays africains, les aidera à élaborer des stratégies de développement industriel, et leur présentera davantage de projets d'aide, dans l'objectif d'élever le niveau d'industrialisation du continent, a promis Li Yong.
LA CHINE CONTRIBUE AU PROCESSUS
La Chine, 2ème économie mondiale, a intensifié ces dernières années ses investissements en Afrique. Les investissements directs chinois en Afrique sont passés de 1,44 milliard à 2,52 milliards de dollars, et ont connu une croissance annuelle de 20,5% entre 2009 et 2012, précise le livre blanc chinois sur la coopération économique et commerciale sino-africaine.
A ce jour, 2.000 entreprises chinoises ont investi dans plus de 50 pays et régions d'Afrique, couvrant un éventail de secteurs, dont la fabrication industrielle. Entre 2009 et 2012, les entreprises manufacturières chinoises, qui représentent un secteur clé pour les investissements, ont directement investi 1,33 milliard de dollars dans les pays africains.
Les investissements chinois en Afrique contribuent non seulement à augmenter la croissance, mais favorisent également le processus d'industrialisation du continent, a estimé Xing Houyuan, de l'Institut de recherche du ministère chinois du Commerce.
Jusqu'en 2009 , l'investissement chinois dans le secteur manufacturier représentait 29,2% du total des investissements chinois sur le continent, une proportion beaucoup plus élevée que les investissements des pays développés en Afrique, a constaté Mme Xing.
Les entreprises chinoises ont aidé le Soudan à établir un système pour son industrie pétrolière, et ont exporté vers de nombreux pays des technologies et des équipements de pointe... Et depuis 2006, les entreprises chinoises ont aidé à construire des Zones de coopération économique et commerciale en Ethiopie, sur l'île Maurice et au Nigeria.
"On peut conclure que, à travers ses investissements à sa portée sur le continent, la Chine a contribué davantage à l'industrialisation de l'Afrique que les pays développés", a indiqué Mme Xing.
Impressionné par le développement industriel chinois, Li Yong a pour sa part indiqué que l'Afrique pourrait s'inspirer des expériences chinoises pour l'orientation stratégique, l'élaboration des politiques, l'attraction d'investissements étrangers et d'autres domaines tels que la convergence des marchés.
Le bureau Chine du Centre de l'ONUDI pour la coopération industrielle Sud-Sud, créé en juillet 2008 à Beijing, est une plate-forme de coopération d'assistance mutuelle Chine-Afrique qui vise à promouvoir le développement industriel, a-t-il rappelé.
Source: Agence de presse Xinhua
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