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lundi 21 avril 2014

"Le développement de la Chine est aussi une opportunité" - L'Express avec L'Expansion

"Le développement de la Chine est aussi une opportunité" - L'Express avec L'Expansion

Par Propos recueillis par Bruno Abescat, publié le

Jean-Paul Larçon est professeur de stratégie internationale à HEC Paris. Fin connaisseur de l'empire du Milieu, il relativise l'offensive chinoise en Europe.



Rachat de dettes souveraines, investissements dans les infrastructures et les entreprises...Peut-on parler d'une offensive chinoise en Europe ?
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En Europe et ailleurs... Depuis l'entrée de la Chine dans l'Organisation mondiale du commerce, en 2001, la croissance de ses investissements à l'étranger est exponentielle mais vise majoritairement l'Asie et les pays émergents. Avant cette date, la Chine se contentait d'exporter. A présent, elle acquiert des entreprises.



La crise accélère-t-elle ce mouvement ?
La crise est une opportunité pour la Chine. Elle lui permet d'entrer à moindre coût sur les marchés et d'acheter des sociétés en difficulté, comme Volvo Cars. Et je suis convaincu que nous n'avons rien vu : les banques et les compagnies d'assurance chinoises, qui n'ont pas encore bougé à l'international, vont à leur tour investir massivement.

L'Europe est-elle dépendante de la Chine ?
C'est exagéré. D'abord, à l'aune de sa puissance économique, ses investissements en Europe demeurent faibles. Ensuite, ce pays est simplement en train de prendre sa place sur l'échiquier mondial : il cherche à diversifier ses avoirs, pas à exprimer son pouvoir.

Quelle logique guide les autorités chinoises en Europe ?
Les Chinois sont des gens très méthodiques. Ils échafaudent des plans à long terme et les mettent en oeuvre. Les entreprises, même indépendantes, sont encouragées à s'internationaliser et sont accompagnées par une politique gouvernementale adéquate de financement, d'information, d'assurance à l'export... La "maison Chine" a une vision exacte de ce qu'elle veut faire par continent et par pays. En Europe, son principal souci est de s'assurer la stabilité économique et financière de son premier partenaire commercial.

Cette démarche a-t-elle évolué ?
A présent, la Chine a pris conscience de sa force et elle a sans doute peur de faire peur. Si elle veut rester offensive, je crois qu'elle aura à coeur d'avancer avec prudence et de respecter les lois.

Faut-il, comme aux Etats-Unis, protéger les secteurs stratégiques et se doter d'une autorité de contrôle ?
Demeurer sur le registre défensif ne me paraît pas la posture la plus pertinente. Acceptons que la Chine soit aussi une grande puissance scientifique et technologique et exigeons plutôt davantage de réciprocité.

Pékin peut-il espérer faire fructifier ses investissements sur le plan politique ?
Géant économique, la Chine pèse naturellement sur la scène politique. Mais, pour l'heure, elle n'a pas cherché à utiliser ce levier puissamment. Et s'il y a un impérialisme chinois, il est comparable à son pendant américain ou japonais...

Vous ne semblez pas croire à une menace chinoise. Pensez-vous que les Européens ont tendance à se faire peur avec la Chine comme avec le Japon dans les années 1980 ?
La montée en puissance de la Chine sur le plan international est très rapide et a de quoi susciter des inquiétudes. Mais, en même temps, elle est devenue l'un des piliers majeurs de notre nouveau monde multipolaire. Aujourd'hui, les Chinois investissent quatre fois moins à l'étranger que les étrangers en Chine. Maintenant, il faut le savoir, ce sont des entrepreneurs qui vont de l'avant. Donc, il ne faut pas baisser notre garde. Retenons plutôt que la Chine nous offre de formidables débouchés. Je reste fondamentalement positif : le développement de ce vaste pays est aussi une opportunité. A nous de la saisir

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