Politique de déveleppement économique : L’innovation technologique et les avantages compétitifs, une solution pour l’Afrique
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Les pays africains réaliseraient des performances économiques s’ils parvenaient à exploiter les services offerts par les innovations technologiques et les avantages compétitifs dans les secteurs d’activités. C’est ce qu’a préconisé l’économiste chinois Justin Yifu Lin qui faisait une communication axée sur l’« Émergence en Chine et prospérité en Afrique : idées et opportunités ».
Professeur d’économie à l’Université de Pékin, conseiller spécial du gouvernement chinois et économiste en chef de la Banque mondiale (2008-2012), Justin Yifu Lin, en visite au Sénégal, a animé une conférence économique sur «l’émergence en Chine et la prospérité en Afrique». Selon cet expert, le continent africain gagnerait des performances économiques en s’investissant dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication (Tic), mais aussi en exploitant les avantages compétitifs qu’offrent certains secteurs d’activité. A son avis, la réalisation d’un développement économique suppose l’existence d’industries performantes, productives et qui reposent sur l’innovation technologique. Cette dernière, a-t-il soutenu, reste déterminante dans le processus de transformation structurelle, par exemple dans le secteur agricole où on peut relever le niveau de production avec des rendements considérables. Ce qui permet d’obtenir des produits à hautes valeurs ajoutées. Cependant, a relevé l’économiste, cette innovation à effectuer dans les Tic reste confrontée à des problèmes liés aux risques et aux coûts.
L’expérience des parcs industriels en Afrique
Outre les innovations technologiques, les Etats africains peuvent également exploiter les secteurs d’activité dans lesquels ils disposent d’avantages compétitifs. Ce qui leurs permettra, selon le professeur Yifu Lin, de demeurer dynamiques et compétitifs sur le marché international. A ce titre, a-t-il indiqué, les pays pourront intéresser les investisseurs étrangers à ces domaines d’activité. Donnant l’exemple de l’Ethiopie en ce qui concerne les avantages compétitifs, le conférencier a expliqué que dans ce pays, les autorités ont très vite mis l’accent sur les produits manufacturiers, avec une importance capitale accordée à l’industrie des chaussures qui leur permet, aujourd’hui, d’exporter. Par conséquent, des chiffres d’affaires importants ont été enregistrés par l’Ethiopie dont le taux de croissance se situe autour de 8 % et est resté stable pendant plusieurs années. L’autre avantage noté par le spécialiste chinois, c’est la main d’œuvre à bon marché des pays africains qu’il juge « très importante », avec une population estimée à près d’un milliard et majoritairement jeune.
Justin Yifu Lin est considéré comme l'un des principaux théoriciens du concept de « Parcs industriels », plus connu sous le nom de Zones économiques spécialisées (Zes). Il a déclaré que cette découverte a favorisé l'émergence dans plusieurs pays asiatiques mais aussi contribué à relever fortement la croissance dans beaucoup d’Etats africains, comme l’Éthiopie, le Rwanda, le Nigeria... A cet effet, le conférencier a invité les pays africains à prendre des mesures pour attirer les investissements directs étrangers en provenance des nations modèles et établir des incubateurs d'entreprises.
« Il y a 30 ans, la Chine avait les caractéristiques d’un pays pauvre »
Le professeur Justin Yifu Lin dit vouloir partager l’expérience de la Chine avec l’Afrique en matière de développement. Selon lui, vers les années 80, la Chine avait les caractéristiques d’un pays pauvre. Mais grâce aux réformes et autres mesures phares prises à l’époque par les autorités, le pays est parvenu à réaliser des performances économiques remarquables, avec des taux de croissance importants. « La Chine se trouvait dans la même situation que beaucoup de pays africains », a rappelé l’économiste. Durant cette période, 78 % de sa population vivaient en dessous du seuil de pauvreté. C’est vers 1979, a-t-il fait savoir, que des changements ont commencé à s’opérer, se traduisant ainsi par la réalisation de taux de croissance atteignant environ 9 % pendant plusieurs années. En 2012, le revenu par tête en Chine est de 6000 dollars. 90 % de ses exportations sont constitués de produits manufacturiers. Toujours selon M. Lin, la croissance économique rapide est un phénomène récent de l’humanité. Car, avant le 18ème siècle, a-t-il avancé, toutes les puissances industrielles du monde n’avaient pas enregistré des croissances importantes ; ce qui veut dire qu’il a fallu des décennies pour réaliser de telles performances.
Abdou DIAW
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