AUTOUR DU MONDE - Vendredi, en Californie, Barack Obama rencontra le président chinois, Xi Jinping, à l'occasion d'un sommet.
Paru dans leJDD Xi Jinping et Barack Obama en février 2012. (Reuters)
Avec son enfance hawaïenne et son tropisme pacifique, du nom de l’océan qui sépare l’Amérique de la Chine, Barack Obama a choisi de recevoir à la fin de la semaine le nouveau président chinois à Sunnylands, cette immense propriété en périphérie de Palm Springs en Californie. Le domaine appartient à la fondation créée par Walter Annenberg, milliardaire philanthrope, ancien ambassadeur à Londres sous Richard Nixon, l’homme de la normalisation entre les États-Unis et la Chine en 1972. Le monde est parfois tout petit. La première épouse de Xi Jinping était l’héritière de l’ambassadeur chinois en Grande-Bretagne et la fille unique issue de son deuxième mariage étudie à Harvard. Mais les symboles ne font pas tout. Car les contentieux s’accumulent entre les deux grandes puissances.
Première et deuxième économies du monde, les deux nations ont vu leurs échanges commerciaux multipliés par soixante depuis 1985 et par six depuis le début du nouveau siècle. Cela n’a pas empêché samedi le secrétaire à la Défense Chuck Hagel d’évoquer les attaques chinoises contre l’Amérique lors du forum Shangri-La de Singapour, qui réunit chaque année responsables militaires occidentaux et asiatiques. Le Pentagone a admis cette semaine que de nombreux programmes d’armement américains avaient été piratés par des hackers. Hagel a pointé du doigt le chef d’état-major adjoint chinois présent dans la salle, le général Qi Jianguo, en parlant de "menace grandissante des attaques informatiques, dont une partie semble liée à l’armée et au gouvernement chinois".
La Maison-Blanche en veut également beaucoup à la Chine pour son duo bloquant avec la Russie aux Nations unies afin de saboter toute résolution contraignante contre la Syrie. Pour sa passivité face aux provocations nucléaires de la Corée du Nord, pour son intransigeance sur les questions de protectionnisme, de propriété intellectuelle sur les brevets et de réchauffement climatique.
"S’ouvrir à la Chine telle qu’elle est"
Faut-il pour autant se fâcher et muscler sa posture? Sur les droits de l’homme notamment, comme samedi lorsque le Département d’État fustigeait le "harcèlement"des autorités de Pékin contre ceux qui ont participé aux manifestations de la place Tian’anmen. Les services de John Kerry ont demandé hier que le gouvernement chinois rende enfin publique la liste des militants « tués, arrêtés ou disparus » en juin 1989. "L’Amérique doit traiter la Chine et sa montée en puissance avec l’attention qu’elle mérite", écrivait samedi Jon Huntsman, l’ancien ambassadeur américain en Chine, un républicain mormon que Barack Obama a nommé à ce poste pour l’écarter des primaires républicaines de 2012. Fidèle à la ligne Nixon- Kissinger, Huntsman prétend qu’il est impératif pour les deux pays d’améliorer leurs relations. "S’ils ne le font pas, l’occasion ne se représentera pas avant des années", ajoute-t-il. Il en irait de l’avenir pacifique de ce nouveau monde de croissance qui s’étend de Los Angeles jusqu’à Shanghai. La priorité étant non plus de "négocier avec la Chine telle qu’on la rêverait, mais de s’ouvrir à la Chine telle qu’elle est".
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