L’Afrique est au cœur de la stratégie commerciale de la Chine. Cependant, faire des affaires n’est pas la seule raison qui pousse le pays de Xi Jinping à s’implanter avec autant de sérieux dans les différents pays d’Afrique. Christian Gambotti, Directeur général de l’Institut Choiseul – Directeur de la collection « L’Afrique en marche » – Professeur associé au CIREJ (Centre Ivoirien de Recherche et d’Études Juridiques) lève le voile sur le pourtour de la présence chinoise en Afrique dans sa chronique publiée par L’Intelligent d’Abidjan le 19 juillet.
La logique de la présence chinoise en Afrique
Si la Chinafrique est aujourd’hui adossée aux relations commerciales et aux investissements, l’arrière-plan géopolitique et géostratégique n’est pas absent. La Chine, qui veut s’affirmer comme une grande puissance sur la scène internationale, a besoin d’alliés, elle va les chercher en Afrique. Devenue une puissance économique, la Chine, afin de renforcer sa position sur la scène internationale, installe des bases militaires à l’étranger, notamment en Afrique, à Djibouti, un micro-État africain. Pékin prévoit d’y déployer 6 000 soldats sur une base militaire destinée, – c’est l’argument des Chinois -, à garantir la sécurité de la Nouvelle Route de la Soie et de la protéger des pirates somaliens.
Derrière le discours légitimateur de la coopération entre la Chine et l’Afrique (solidarité Sud-Sud) et celui plus paternaliste imbibée parfois de condescendance entre l’Occident et l’Afrique, tous ses partenaires, anciens ou nouveaux « amis », s’intéressent à l’Afrique pour trois raisons : 1) l’accès aux richesses naturelles africaines et aux terres agricoles, 2) les nouveaux débouchés pour leurs entreprises qui découvrent des classes moyennes et des populations avides de consommation 3) la visée géopolitique qui permet de conserver ou d’augmenter leur influence dans la région.
La différence avec la ChineLa différence qui existe est la suivante : l’aide de l’Union européenne s’accompagne de conditionnalités visant à réformer les économies africaines dans un sens libéral (ajustements structurels) et de conditionnalités « politiques » (démocratie, lutte contre la corruption). La Chine n’impose aucune conditionnalité aux Chefs d’Etat africains. L’aide chinoise est ainsi, en apparence, bien plus efficace et pragmatique. En réalité, tous les pays, y compris la France, acceptent de s’inscrire dans une logique qui est celle de la « realpolitik ».
La volonté pour la Chine d’accroître sa présence en AfriqueLe gouvernement chinois a mis en œuvre une réforme des IDE (Investissements Directs Etrangers) qui le conduit à investir moins dans les pays qui ne lui fournissent que des matières premières (pétrole, minerais). On a pu noter, en Afrique, un net recul des investissements chinois et un recul des importations chinoises (– 43 %), entraînant un déficit commercial important pour l’Afrique. Ce déficit traduit et aggrave les difficultés de l’économie africaine, qui n’est pas suffisamment diversifiée. Depuis 2016, l’investissement chinois en Afrique a repris. Les IDE ont, sur les dix premiers mois de 2016, par rapport à 2015, connu une progression de + 31 %. La Chine a prévu d’injecter en Afrique 60 milliards de dollars entre 2016 et 2018 (investissements, prêts, dons). Un constat s’impose : alors qu’elle est partie d’une présence très modeste en 2000, la Chine est, depuis 2009, le premier partenaire commercial de l’Afrique.
Une présence chinoise sous-estiméeLa présence chinoise en Afrique, faute de statistiques fiables et du manque de transparence dans les échanges commerciaux et les investissements, est, selon l’étude publiée par le cabinet de conseil international McKinsey, sous-estimée. Selon l’étude, il y aurait plus de 10 000 entreprises chinoises actives sur le continent, dont 85 % d’entreprises privées. La Chine contribue ainsi au dynamisme de l’économie africaine en permettant la création d’emplois, le transfert de connaissances et de technologies, la formation des cadres africains.
La stratégie de Pékin consiste, dans chaque secteur d’activité, à proposer une offre globale (services de ses entreprises et aide financière), ce qui a séduit de nombreux Etats africains. Un exemple : le passage à la TNT et l’offre globale du chinois Startimes, qui multiplie les opérations de séduction en Afrique. Implanté dans 16 pays, le groupe chinois est en train de priver ses « clients » africains, les Etats, de leur souveraineté dans le domaine stratégique de la télévision.
Si l’on prend comme critères d’analyse les 5 domaines suivants, – échanges commerciaux, stock d’investissement, croissance des IDE, financement des infrastructures, aide publique internationale -, l’étude montre que la Chine se classe partout au rang des quatre principaux partenaires de l’Afrique. Selon McKinsey, «aucun autre pays au monde n’atteint un engagement aussi profond dans ses partenariats avec le continent», rapporte l’étude. Un danger pour l’Afrique : l’aide chinoise est une aide liée, elle sert à acheter des biens et des services chinois.
La Côte d’Ivoire fait partie, pour la Chine des « partenaires naissants » ; les relations se situent encore à un stade embryonnaire, avec un modèle de partenariat qui n’est pas clairement défini. Le danger est que ce partenariat Chine-Côte d’Ivoire s’arrête aux échanges commerciaux : dans les secteurs de la transformation et de la fabrication, les entreprises ivoiriennes sont nettement en retard sur les critères de productivité mondiaux.
La logique de la présence chinoise en Afrique
Derrière le discours légitimateur de la coopération entre la Chine et l’Afrique (solidarité Sud-Sud) et celui plus paternaliste imbibée parfois de condescendance entre l’Occident et l’Afrique, tous ses partenaires, anciens ou nouveaux « amis », s’intéressent à l’Afrique pour trois raisons : 1) l’accès aux richesses naturelles africaines et aux terres agricoles, 2) les nouveaux débouchés pour leurs entreprises qui découvrent des classes moyennes et des populations avides de consommation 3) la visée géopolitique qui permet de conserver ou d’augmenter leur influence dans la région.
La différence avec la ChineLa différence qui existe est la suivante : l’aide de l’Union européenne s’accompagne de conditionnalités visant à réformer les économies africaines dans un sens libéral (ajustements structurels) et de conditionnalités « politiques » (démocratie, lutte contre la corruption). La Chine n’impose aucune conditionnalité aux Chefs d’Etat africains. L’aide chinoise est ainsi, en apparence, bien plus efficace et pragmatique. En réalité, tous les pays, y compris la France, acceptent de s’inscrire dans une logique qui est celle de la « realpolitik ».
La volonté pour la Chine d’accroître sa présence en AfriqueLe gouvernement chinois a mis en œuvre une réforme des IDE (Investissements Directs Etrangers) qui le conduit à investir moins dans les pays qui ne lui fournissent que des matières premières (pétrole, minerais). On a pu noter, en Afrique, un net recul des investissements chinois et un recul des importations chinoises (– 43 %), entraînant un déficit commercial important pour l’Afrique. Ce déficit traduit et aggrave les difficultés de l’économie africaine, qui n’est pas suffisamment diversifiée. Depuis 2016, l’investissement chinois en Afrique a repris. Les IDE ont, sur les dix premiers mois de 2016, par rapport à 2015, connu une progression de + 31 %. La Chine a prévu d’injecter en Afrique 60 milliards de dollars entre 2016 et 2018 (investissements, prêts, dons). Un constat s’impose : alors qu’elle est partie d’une présence très modeste en 2000, la Chine est, depuis 2009, le premier partenaire commercial de l’Afrique.
Une présence chinoise sous-estiméeLa présence chinoise en Afrique, faute de statistiques fiables et du manque de transparence dans les échanges commerciaux et les investissements, est, selon l’étude publiée par le cabinet de conseil international McKinsey, sous-estimée. Selon l’étude, il y aurait plus de 10 000 entreprises chinoises actives sur le continent, dont 85 % d’entreprises privées. La Chine contribue ainsi au dynamisme de l’économie africaine en permettant la création d’emplois, le transfert de connaissances et de technologies, la formation des cadres africains.
La stratégie de Pékin consiste, dans chaque secteur d’activité, à proposer une offre globale (services de ses entreprises et aide financière), ce qui a séduit de nombreux Etats africains. Un exemple : le passage à la TNT et l’offre globale du chinois Startimes, qui multiplie les opérations de séduction en Afrique. Implanté dans 16 pays, le groupe chinois est en train de priver ses « clients » africains, les Etats, de leur souveraineté dans le domaine stratégique de la télévision.
Si l’on prend comme critères d’analyse les 5 domaines suivants, – échanges commerciaux, stock d’investissement, croissance des IDE, financement des infrastructures, aide publique internationale -, l’étude montre que la Chine se classe partout au rang des quatre principaux partenaires de l’Afrique. Selon McKinsey, «aucun autre pays au monde n’atteint un engagement aussi profond dans ses partenariats avec le continent», rapporte l’étude. Un danger pour l’Afrique : l’aide chinoise est une aide liée, elle sert à acheter des biens et des services chinois.
La place de la Côte d’Ivoire dans les plans de la Chine
La Côte d’Ivoire fait partie, pour la Chine des « partenaires naissants » ; les relations se situent encore à un stade embryonnaire, avec un modèle de partenariat qui n’est pas clairement défini. Le danger est que ce partenariat Chine-Côte d’Ivoire s’arrête aux échanges commerciaux : dans les secteurs de la transformation et de la fabrication, les entreprises ivoiriennes sont nettement en retard sur les critères de productivité mondiaux.
McKinsey définit ainsi la feuille de route des entreprises africaines : « Les opérateurs africains devront donc améliorer considérablement leur productivité et leur efficacité pour concurrencer ou s’associer efficacement avec de nouvelles entreprises chinoises sur leur territoire ». Aujourd’hui, les lacunes du partenariat entre la Chine et l’Afrique se situent du côté de l’Afrique.
Christian Gambotti, Directeur général de l’Institut Choiseul – Directeur de la collection « L’Afrique en marche » – Professeur-associé au CIREJ (Centre Ivoirien de Recherche et d’Études Juridiques), avec l’autorisation de
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