Posted by Chine Magazine | Nov 4, 2016 | Afrique, IDEES, Rencontres | 0 |
Patrick Ndungidi, originaire de la République démocratique du Congo et vivant à Bruxelles, est journaliste freelance pour Forbes Afrique et pour les Dépêches de Brazzaville, et est
également blogueur sur le Huffingtonpost France, Québec et Maghreb. Ce dernier a expliqué en quoi les médias africains n’ont pas forcément de parti pris pour la Chine, mais devraient plutôt développer leurs propres programmes, afin d’offrir aux africains, une information basée sur une analyse africaine.
également blogueur sur le Huffingtonpost France, Québec et Maghreb. Ce dernier a expliqué en quoi les médias africains n’ont pas forcément de parti pris pour la Chine, mais devraient plutôt développer leurs propres programmes, afin d’offrir aux africains, une information basée sur une analyse africaine.
Désormais la coopération entre l’Afrique et la Chine ne concerne plus le domaine économique et commercial, mais culturel et médiatique, cette évolution des échanges est-elle bénéfique pour le continent ou simplement pour certains dirigeants ?
L’évolution des échanges est, en même temps, bénéfique pour l’Afrique et la Chine. Les relations culturelles et médiatiques favorisent et approfondissent la connaissance mutuelle entre les peuples africains et chinois.
Cela permet de gommer les préjugés et les a priori que l’on peut avoir sur nos cultures respectives ainsi que de changer les images négatives qui sont souvent dues à une méconnaissance de la réalité. Il faut toujours avoir en tête que l’Afrique est un continent qui compte 54 pays avec différentes spécificités culturelles.
Les échanges peuvent ainsi promouvoir ces différentes cultures auprès du peuple chinois et inversement. Les échanges culturels peuvent également être économiquement bénéfiques pour les deux parties.
Ces dernières pourraient voir émerger une véritable industrie culturelle sino-africaine, à travers des co-productions ou des partenariats dans les domaines du Cinéma, de l’édition, de la musique, etc. Le potentiel du marché est énorme…
Beijing a signé près d’une trentaine d’accord de partenariat avec des médias africains, pensez-vous qu’il s’agisse d’une bonne stratégie pour les médias africains ?
Dans les relations entre les Etats, il n’y a pas d’amitié. Il n’y a que les intérêts. Oui, cela constitue une bonne stratégie du moment où ce sont des partenariats gagnant-gagnant. La Chine soutient beaucoup de pays africains dans le domaine technologique et le renforcement des capacités des hommes de médias africains.
Les échanges d’expérience entre médias africains et chinois peuvent être bénéfiques pour les deux parties. Lors du troisième Forum sur la coopération des médias sino-africains, il a été lancé une très belle initiative dénommée « Africa Link Union » dont l’objectif est de promouvoir les échanges des œuvres médiatiques et cinématographiques entre Africains et Chinois.
Néanmoins, les médias africains doivent être capables de produire des programmes de qualité et ne pas être submergés par les programmes chinois comme c’est déjà le cas aujourd’hui avec les programmes occidentaux ou encore les telenovelas d’Amérique du Sud. Les médias africains ne doivent pas se contenter de bénéficier de différentes aides, ils doivent également être capables d’apporter quelque chose. Il faut quitter cette logique de la main tendue.
C’est avant tout aux Etats africains et aux entrepreneurs privés de bâtir de vraies entreprises médiatiques, dotées de la technologie adéquate et capables de rivaliser avec les médias occidentaux ou encore chinois sur le terrain africain qu’ils sont censés mieux connaître et mieux maîtriser.
Que pensez-vous des analyses faites dans certains médias traditionnels pointant du doigt le parti pris des médias africains dans le traitement de l’information vis-à-vis de la Chine ?
Une information n’est jamais neutre et donc toute information a toujours un parti pris. Ces médias « traditionnels » font également preuve d’un parti pris vis-à-vis de la Chine en cherchant souvent à noircir son image en Afrique et en laissant de côté ce que leurs propres pays font sur le continent.
Le rôle des médias est d’informer et ne pas devenir des donneurs de leçons. Je ne pense pas que les médias africains ont nécessairement un parti pris favorable à la Chine. Sinon on pourrait en dire autant de la France, des Etats-Unis, ou encore de tout autre pays occidental…
Cette année, plusieurs experts et observateurs africains remettent en question la coopération sino-africaine, jugeant qu’elle est principalement destinée aux responsables politiques et économiques, sans bienfait pour la population. Certains vont jusqu’à demander aux gouvernements africains de revoir leurs accords pour un réel « gagnant-gagnant ».
Pensez-vous qu’il est possible pour les dirigeants africains de changer les termes des accords et d’exiger plus notamment en matière de ressources humaines (utiliser la main d’œuvre africaine plutôt que de la faire venir de Chine), de répartition des richesses, ou encore de développement social ?
La coopération sino-africaine a toujours fait l’objet d’une grande controverse. Néanmoins, comme dans toute forme de coopération, il existe des avantages et des inconvénients. Mais cette coopération est bénéfique pour les populations en Afrique.
En Ethiopie, par exemple, cette coopération a permis la création d’une ligne de chemin de fer reliant l’Éthiopie au port de Djibouti. Cela démontre ainsi de voir les changements structurels qui s’opèrent dans cette coopération.
Comme l’ont expliqué les autorités chinoises, ce chemin de fer est l’’un des premiers fruits importants des « dix programmes » de coopération sino-africaine et d’un projet emblématique de la coopération sino-africaine concernant les « trois réseaux » et l’industrialisation en Afrique et les capacités de production industrielle. La coopération sino-africaine n’est donc pas statique, elle est dynamique et peut donc évoluer au fil du temps et selon la volonté des deux parties.
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