Babacar Guèye DIOP Edition Abonnés 15 November 2016
En marge d’une table ronde hier, Pr Samir Amin a appelé les Etats africains à privilégier la coopération avec la Chine et non l’Occident. Le directeur du Forum du tiers-monde invite également les pays du Sud à créer un front de solidarité entre eux pour se libérer du système capitaliste impérialiste.
La Chine est en passe de devenir l’une des premières puissances économiques du monde. Ce qui fait de l’Empire du milieu un partenaire économique de premier plan pour l’Afrique. De quoi faire réfléchir l’économiste franco-égyptien, Pr Samir Amin, qui hier, dans le cadre d’une table ronde, a appelé les pays africains à rompre la coopération avec les pays capitalistes de l’Occident. «Avec les Occidentaux, il n’y a pas de coopération, parce que la charte de Paris impose la conditionnalité à toute forme d’aide. Elle est exécutée par la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, l’Union européenne, l’Usaid», a regretté le directeur du Forum du tiers-monde qui animait une conférence sur les «Expériences chinoises et africaines de développement». Face aux experts de l’Académie chinoise des sciences sociales, M. Amin a rappelé l’importance de la mise en place d’un projet souverain qui ferait en sorte que les Etats africains contrôlent leurs ressources.
«Les Etats africains n’ont pas de projets»
Il dénonce ainsi les exportations des matières premières africaines vers l’Europe et les Etats-Unis. «Les Etats africains n’ont pas de projets. C’est un drame. Maintenant ce dont nous avons besoin, nous les peuples du Sud, c’est un front de solidarité face à l’agression impérialiste contemporaine. Ce front n’existe à l’heure actuelle à aucun niveau. Au niveau africain, le panafricanisme est inexistant. L’Union africaine n’est pas une organisation panafricaniste», constate amèrement Samir Amin. Afin d’inverser la donne, l’économiste se tourne vers le modèle chinois. «Une plus grande et meilleure collaboration avec la Chine constitue l’un des pans importants de cette libération du système capitaliste. Les leçons de l’expérience chinoise du développement doivent être très précieuses pour les Africains. Celles-ci doivent être étudiées attentivement de façon critique», soutient le conférencier.
Cependant, souligne Pr Yang Guang, directeur de l’Académie chinoise des sciences sociales, la maturation de l’économie de l’Empire du milieu découle d’un long processus. Il a rappelé l’époque de la socialisation des terres agricoles sous le magistère de Mao Tsé Dong jusqu’à l’ouverture du marché chinois aux capitalistes. Magnifiant pour sa part le modèle économique chinois, Pr Demba Moussa Dembélé, directeur du Forum africain des alternatives, appelle toutefois l’Afrique à se développer en s’appuyant sur ses propres réalités. «La Chine a adapté ses réalités à son programme de développement structurel. Nous ne l’avons pas fait. Les programmes d’ajustement structurel imposés par les institutions de Bretton woods durant les années 80 ont fait atterrir le Sénégal dans le cercle des pays les moins avancés», regrette-t-il.
bgdiop@lequoitidien.sn
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