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La visite de Xi Jiping a Moscou est hautement symbolique des liens réciproques et surtout des intérêts partagés par les deux géants.
Liens économiques, car leurs échanges énergétiques et commerciaux ne cessent de se renforcer, mais aussi parce que les deux pays, qui détiennent chacun un siège au Conseil de Sécurité de l’ONU, ont une même approche sur les grands affaires du monde.
Une vision ainsi exprimée par le président chinois : “Nous vivons un changement d‘époque, nous sommes face à un monde en mutation. Dans ce monde, la paix, le développement, la coopération, le gagnant-gagnant sont la tendance. Le système colonial est dépassé, la confrontation en deux blocs de l‘époque de la guerre froide est finie. Le monde ne sera plus dominé par un seul pays ou un seul bloc.”
Pékin compte bien poursuivre le chemin de la croissance, grandir toujours plus en tant qu’acteur économique global mais aussi géopolitique. La visite de Xi en Tanzanie est encore la preuve de la détermination chinoise de continuer se percée en Afrique. Le continent dispose d‘énormes ressources naturelles, notamment des minéraux, dont la Chine a besoin, et il est un marché de débouchés pour les produits “made in China.”
Le commerce bilatéral entre la Chine et l’Afrique est en constante augmentation, le montant des échanges est passé de 7,7 milliards d’euros en 2000 à 128 milliards d’euro onze ans plus tard.
Pour le président de la Tanzanie, Jakay Mrisho Kikwete, le rapport avec la Chine, c’est gagnant-gagnant :
“Nous utilisons toujours les technologies traditionnelles. Nous nous servons de pioche. Nous ne pouvons pas développer l’agriculture. Nous n’utilisons pas d’engrais, pas de semences à haut rendement. Nous n’irriguons pas nos fermes. Nous avons donc besoin de technologie. Nous avons besoin d’une technologie qui favorisera notre croissance. “
Cette amitié avec la Tanzanie, la ligne ferroviaire qui relie le pays avec la Zambie en est le symbole, elle a été construite avec l’aide de la Chine entre 1970 et 1976, juste après l’indépendance des deux pays en 1964.
Interview de Dmitry Mosyakov, responsable du Centre d‘étude de l’Asie du sud-est
Euronews, Marina Ostrovskaya : Le nouveau président chinois Xi Jinping effectue sa première tournée à l‘étranger. Il s’est d’abord rendu en Russie, puis en Afrique où il participera notamment au sommet des BRICS – le sommet des pays émergents – à Durban, en Afrique du Sud. Il est évident que le trajet de cette tournée à l‘étranger n’a pas été choisi par hasard par le nouveau leader chinois. Que signifie cette tournée à vos yeux?
Dmitry Mosyakov : Cette tournée montre clairement les priorités du nouveau gouvernement chinois, en matière de politique étrangère, qui garde un œil sur le futur. Dans l’esprit des nouvelles autorités chinoises, la Russie est en train de devenir un allié très proche.
La question africaine est différente. Ce n’est pas un secret : l’Afrique est l’une des cibles principales des intérêts économiques chinois, et Pékin essaye de renforcer son influence sur le continent.
D’un côté, la Chine a donc besoin, pour son développement, de sécuriser ses frontières au Nord, et cette sécurité sera garantie par la relation sino-russe.
Et d’un autre côté, elle a besoin d’exploiter davantage le marché considérable des
ressources naturelles, dont la plus grande partie est aujourd’hui en Afrique.
Euronews : Le président Poutine a qualifié la visite de Xi Jinping en Russie de ‘‘geste symbolique’‘. Comment percevez-vous la relation entre la Russie et la Chine?
Dmitry Mosyakov : Je pense que ces relations vont être améliorées. Il est évident que les deux pays ont aujourd’hui des intérêts et des objectifs en commun.
Concernant la Chine, il est de plus en plus évident, que sa relation avec les États-Unis est entrée dans une épreuve de force compliquée. Les Américains tentent, par tous les moyens, de freiner la puissance chinoise, de freiner son expansion en Asie du sud-est, et dans la région pacifique, et cela alors que la Chine entretient en ce moment des relations difficiles avec le Japon.
Dans cette situation, la Russie a intérêt à consolider ses relations avec la Chine, qu’elle ne doit pas seulement considérer comme une alternative économique, mais aussi comme une alternative politique. Et il est évident qu’une relation plus étroite avec la Chine renforcerait la position de la Russie elle-même, en cas de négociations avec l’Union européenne et les États-Unis.
Euronews : Un journal russe a dit a propos de l’Afrique que c‘était ‘‘une carte maîtresse dans un jeu mondial’‘, dans lequel la Chine a plutôt de la réussite. Pékin a-t-il des concurrents dans ce jeu?
Dmitry Mosyakov : Oui bien sûr. Cette compétition est évidente, et vous pouvez la voir dans différentes sphères. Les médias chinois, par exemple, ne cachent pas l’attitude totalement différente du pays vis-à-vis des problèmes du Mali. Dans la presse russe, et en Occident en général, on parle de lutte contre les islamistes, les radicaux, les extrémistes, de lutte contre leurs tentatives de prendre le contrôle de ce pays africain. Mais regardez la presse chinoise! Ils écrivent que cette opération militaire n’a pas d’autre but que de faire sortir la Chine du pays, de la couper des ressources naturelles, en particulier des gisements de minerais rares, qui ont été trouvés au Mali, que Pékin envisage d’exploiter. On a l’impression que le but principal de cette opération est de forcer la Chine à quitter les pays du sud saharien.
L’Afrique devient le terrain d’une lutte très intense. Les anciennes puissances coloniales comme la France, ou les USA – qui n’ont pas d’histoire coloniale, mais des intérêts énormes en Afrique – ne vont pas permettre que l’Afrique devienne la source de la croissance chinoise
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