Beaucoup de choses ont été dites sur l’agenda africain de Pékin ces dernières années. Une lecture même sommaire des centaines d’articles et dizaines d’ouvrages consacrés à la Chine et l’Afrique fait toutefois ressortir un tableau qui confine au cliché. Ainsi, l’empire du milieu a souvent été décrit comme prédateur de ressources, calculant chacun de ses mouvements comme autant d’ « avances » sur des revenus futurs.
Surtout, au delà de la « Chinese stadium diplomacy » qui en est un avatar visible, la Chine a été accusée de mettre en place une stratégie de « soft power » à travers la dissémination de sa technologie, prenant au piège les gouvernements africains et prenant de vitesse ses concurrents occidentaux. En clair, Pékin aurait poussé ses entreprises et sa technologie à travers une politique massive de subventions publiques qui lui a permis d'être ultra-compétitive, le tout sans jamais intervenir dans les questions internes de ses partenaires du continent. En creux, Pékin était donc accusée de faire du dumping afin de s'assurer d'une position dominante sur un marché d'avenir, écartant du terrain de jeu ses compétiteurs de manière déloyale.
S'appuyant souvent sur la puissance postcoloniale, elles ont bénéficié de positions dominantes ou de monopoles de fait, et leur ingérence dans les affaires intérieures des pays d'Afrique - notamment sur les problématiques de démocratie ou de droits de l'Homme- masquaient souvent une volonté de créer un « effet levier » afin de faire perdurer certains avantages, voire traduisaient carrément une prise de position afin de changer les pouvoirs en place.
A cet égard, la mise en ligne des archives déclassifiées de la CIA constitue une mine d'or qui met en lumière un peu plus- s'il le fallait- la célèbre boutade d'un diplomate américain au sujet de Mobutu Sese Seko : « Peut être est-il un fils de P..., mais c'est NOTRE fils de P.... » .
C'est donc peu dire que l'arrivée de la Chine dans la donne économique africaine, il y a maintenant une vingtaine d'année, a créé une émulsion bienvenue en matière de compétition économique. Cela a permis aux dirigeants du continent de diversifier leurs alliances et a obligé les compétiteurs à revoir leurs stratégies afin de s'adapter à ce nouvel état de fait.
Bien entendu, les corollaires négatifs liés à l'appétit chinois qui semblait jusqu'à peu encore sans limite sont légion : pression sur les matières premières, concentration des terres agricoles, contrats d'infrastructures léonins ou encore inadaptation de certaines technologies sont des réalités avec lesquelles il faut composer le présent africain. Mais, l'un dans l'autre, l'implication substantielle de la Chine dans le continent a également permis une accélération de nombre de chantiers qui n'auraient jamais vu le jour faute de financements ou de partenaires.
Plus grave encore, l'accélération rapide du déficit du solde budgétaire du gouvernement chinois, tel que décrit dans le graphique ci dessous, constitue un second signal d'alarme qu'il convient de prendre très au sérieux, car il signifie que la position de la Chine en tant que « prêteur de dernier recours » est également compromise.
Reste à espérer que la relation entre l'Afrique et la Chine, basée jusqu'alors sur les matières premières, le commerce et le développement des infrastructures, puisse changer de nature au cours des années à venir. En effet, Pékin comme le continent doivent prendre conscience qu'il est dans leur intérêt commun de s'attacher à construire un partenariat rénové dans lequel le transfert de technologie et la création d'emploi sont le cœur stratégique. Sans cela, l'Afrique ne pourra pas devenir ce marché « miroir » de l'Empire du milieu, fort tout comme lui de plus d'un milliard de consommateurs et d'une classe moyenne en progression rapide.
Un narratif commode
Ce narratif a été commode pour expliquer le déclin d'un certain nombre de grands acteurs occidentaux en Afrique. Mais en réalité, même les multinationales d'Europe et des Etats Unis n'on jamais joué franc-jeu en Afrique.S'appuyant souvent sur la puissance postcoloniale, elles ont bénéficié de positions dominantes ou de monopoles de fait, et leur ingérence dans les affaires intérieures des pays d'Afrique - notamment sur les problématiques de démocratie ou de droits de l'Homme- masquaient souvent une volonté de créer un « effet levier » afin de faire perdurer certains avantages, voire traduisaient carrément une prise de position afin de changer les pouvoirs en place.
A cet égard, la mise en ligne des archives déclassifiées de la CIA constitue une mine d'or qui met en lumière un peu plus- s'il le fallait- la célèbre boutade d'un diplomate américain au sujet de Mobutu Sese Seko : « Peut être est-il un fils de P..., mais c'est NOTRE fils de P.... » .
C'est donc peu dire que l'arrivée de la Chine dans la donne économique africaine, il y a maintenant une vingtaine d'année, a créé une émulsion bienvenue en matière de compétition économique. Cela a permis aux dirigeants du continent de diversifier leurs alliances et a obligé les compétiteurs à revoir leurs stratégies afin de s'adapter à ce nouvel état de fait.
Bien entendu, les corollaires négatifs liés à l'appétit chinois qui semblait jusqu'à peu encore sans limite sont légion : pression sur les matières premières, concentration des terres agricoles, contrats d'infrastructures léonins ou encore inadaptation de certaines technologies sont des réalités avec lesquelles il faut composer le présent africain. Mais, l'un dans l'autre, l'implication substantielle de la Chine dans le continent a également permis une accélération de nombre de chantiers qui n'auraient jamais vu le jour faute de financements ou de partenaires.
Le défi du ralentissement de la croissance chinoise
C'est dans ce contexte qu'il faut appréhender le ralentissement de la croissance chinoise comme l'un des défis majeurs auquel l'Afrique doit faire face. La baisse de la demande chinoise a eu un impact considérable sur le cours des matières premières et des terres rares, créant de facto un « choc » sur la balance des paiements de pays africains dépendants des industries extractives. Ces derniers sont désormais condamnés à s'engager dans une politique de diversification rapide de leurs outils productifs, alors même que les efforts fournis en ce sens au cours des quinze dernières années n'ont enregistré que très peu de résultats.Plus grave encore, l'accélération rapide du déficit du solde budgétaire du gouvernement chinois, tel que décrit dans le graphique ci dessous, constitue un second signal d'alarme qu'il convient de prendre très au sérieux, car il signifie que la position de la Chine en tant que « prêteur de dernier recours » est également compromise.
Reste à espérer que la relation entre l'Afrique et la Chine, basée jusqu'alors sur les matières premières, le commerce et le développement des infrastructures, puisse changer de nature au cours des années à venir. En effet, Pékin comme le continent doivent prendre conscience qu'il est dans leur intérêt commun de s'attacher à construire un partenariat rénové dans lequel le transfert de technologie et la création d'emploi sont le cœur stratégique. Sans cela, l'Afrique ne pourra pas devenir ce marché « miroir » de l'Empire du milieu, fort tout comme lui de plus d'un milliard de consommateurs et d'une classe moyenne en progression rapide.
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