En Chine, la marque Trump a en effet été enregistrée par un Chinois du nom de Dong Wei, ouvrant ainsi la voie à la commercialisation de plus de 225 produits affublés du patronyme présidentiel. Et après avoir collectionné les échecs pendant 10 ans, les avocats de Donald Trump ont finalement obtenu gain de cause, pour la première fois, début février, laissant ainsi présager une avalanche de nouvelles plaintes.
Mais l’actuel président des États-Unis n’est pas le premier à faire de la relation sino-américaine une affaire personnelle. Son prédécesseur à la Maison-Blanche ne portait pas non plus le Céleste Empire dans son cœur. En effet, en juillet 2015, Barack Obama rentrait quelque peu agacé de sa visite historique au Kenya, patrie de son père, où il plaidait pour la défense de la démocratie en Afrique.
La raison ? Quelques heures avant l’arrivée du président américain à Nairobi, Beijing annonçait fièrement la signature d’un prêt de 17 millions de dollars pour la construction de plusieurs projets d’infrastructures dans le pays. Un pied de nez qui n’a pas manqué de faire réagir l’ancien président américain, regrettant alors, dans une interview accordée à la BBC, que la stratégie chinoise sur le continent africain ne se réduise qu’aux échanges commerciaux et à l’exploitation des matières premières…
La Chine, premier partenaire commercial de l’Afrique
Depuis quelques années, la Chine est largement devant les États-Unis en matière de transactions commerciales avec l’Afrique. En 2014, les échanges commerciaux entre la Chine et le berceau de l’humanité atteignaient déjà les 222 milliards de dollars, contre seulement 73 milliards pour Washington.
Et Pékin n’a pas prévu de lever le pied : lors du sommet Chine-Afrique qui se tenait à Johannesburg en décembre 2015, le Premier ministre chinois Li Keqiang déclarait vouloir atteindre 400 milliards de dollars d’échanges commerciaux avec l’Afrique d’ici 2020. Et ce principalement grâce à l’importation de pétrole, de minerais et de bois ainsi qu’à l’exportation de textile, de téléphones et de voitures. Ainsi, la Chine compterait aujourd’hui plus de 2500 sociétés implantées et près d’un million de travailleurs en Afrique.
Djibouti : un retournement de veste qui peut coûter cher…
Allié de longue date des États-Unis, de la France et du Japon, qui y ont tous fait construire, pour des sommes très importantes, des bases militaires, le pays d’à peine 900 000 habitants a récemment décidé de se tourner vers la Chine, allant jusqu’à lui offrir une base militaire… Gratuitement. Un geste lourd de sens de la part du président Ismaïl Omar Guelleh (IOG), au pouvoir depuis 1999. Une offrande loin d’être modeste : ce n’est pas moins de 10 000 soldats qui pourraient ainsi être déployés dans cette nouvelle base chinoise qui devrait voir le jour, fin 2017, soit quatre fois plus que sur son homologue française.
Et si les Etats-Unis n’avaient pas encore compris qu’ils n’étaient plus en odeur de sainteté à Djibouti, le récent épisode du port d’Obock aura permis de clarifier les choses. En effet, malgré un investissement de 14 millions de dollars dans les infrastructures du port civil et militaire d’Obock en 2009, les États-Unis ont cordialement été invités, en 2015, à libérer les lieux pour laisser la place aux Chinois. « Ce sont les plus gros investisseurs dans notre pays », a tenté de justifier le président djiboutien dans une interview. « Ce que nous recevons de la Chine est beaucoup plus important que n’importe quel autre partenaire de longue date » a quant à lui avancé le ministre djiboutien des Finances, Ilyas Moussa Dawaleh. Voilà qui ne fait plus aucun doute : aux yeux de Djibouti, il n’y a plus que la Chine qui compte…
L’avenir de Djibouti remis en question
Face à un gouvernement djiboutien qui fait les yeux doux à l’Empire chinois, les États-Unis ont choisi de se tourner vers d’autres pays africains pour y installer leurs bases militaires. Ainsi, en mai 2016, les autorités américaines renouvelaient un accord de coopération sur la défense avec le Sénégal. Cette manœuvre semble faire du pays d’Afrique de l’Ouest la nouvelle destination stratégique des forces américaines en Afrique (AFRICOM). Mais surtout, cela semble indiquer qu’à l’avenir, Washington ne transigera plus avec Djibouti, et ce quels que soient les problèmes auxquels le pays de la corne de l’Afrique est confronté…
Et le désamour pour Djibouti est déjà à l’œuvre aux Etats-Unis : en janvier 2016, Dana Rohrabacher et Chris Smith, deux sénateurs américains, torpillaient déjà l’État djiboutien, le qualifiant d’« imprévisible », de « corrompu », d’« anti-démocratique » et de « partenaire peu fiable » dans une lettre ouverte au secrétaire d’État et au secrétaire d’État à la défense des États-Unis. Dans cette lettre, les deux sénateurs demandaient également de reconsidérer le soutien de Washington au régime djiboutien, dont ils dénonçaient le « comportement erratique et antidémocratique », appelant alors à « exiger que le président Guelleh se retire ».
Peu après, un autre parlementaire américain, Duncan Hunter, tirait lui aussi à boulets rouges sur ce « régime corrompu et répressif », qui entretient de trop « chaleureuses relations avec la Chine ». Des propos véhéments, qui traduisent la crainte que l’intérêt aveugle du gouvernement djiboutien pour les investisseurs chinois ne s’opère au péril de la population, déjà opprimée par 18 années de répression dans le pays. Sans vigilance américaine sur place, jusqu’où Ismaïl Omar Guelleh laissera la Chine exploiter les ressources de son pays, et avec quelles conséquences sur les conditions de vie déjà misérables de ses habitants ? Les désastreux précédents chinois au Vietnam, en Malaisie et au Ghana laissent entrevoir un futur plutôt sombre à Djibouti…
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