ACCRA (Xinhua) - Lloyd Amoah, universitaire et politologue ghanéen, suggère que les gouvernements africains devraient se référer à l'histoire moderne de développement de la Chine et s'en inspirer pour promouvoir la croissance de leur propre économie.
M. Amoah a retracé l'histoire du développement de la Chine depuis la période où le pays, sous la houlette du dirigeant de l'époque Deng Xiaoping, avait adopté une politique d'ouverture de l'économie chinoise aux investissements étrangers.
"Cela était lié à la conscience accrue parmi les dirigeants et l'élite politique chinoise que, bien qu'il soit bénéfique que l'Etat soit la principale entité chargée du développement de l'économie, il était également nécessaire de se tourner vers le marché en le considérant comme un partenaire important en matière de développement", a expliqué M. Amoah dans une interview téléphonique accordée à l'agence Xinhua.
Par ailleurs, il a cité en contre-exemples les crises financières américaine et européenne pour défendre le modèle chinois.
"Il est important de trouver le juste équilibre entre économie d'Etat et économie de marché, notamment dans le contexte de la récente récession, qui a débuté avec la crise des subprimes [crédits immobiliers à risque] et la crise bancaire aux Etats-Unis, lesquelles ont entraîné la crise financière internationale", a-t-il souligné.
Dans les années 80 et 90, des pays africains, dont le Ghana, ont entrepris des réformes économiques sous la direction de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI), ainsi que de pays européens dans le cadre de partenariats bilatéraux, pour relancer leurs économies en difficulté ou en faillite.
L'économie de marché, prescrite de manière systématique aux pays africains, était présentée comme une mesure susceptible de faire face à la crise de la dette, aux faibles bases industrielles, ainsi qu'à d'autres difficultés économiques qui affaiblissaient le continent.
M. Amoah, toutefois, est d'avis que "le modèle chinois nous apprend que le marché et l'Etat peuvent coexister et interagir en faveur du développement."
Selon lui, la seconde leçon que les pays africains peuvent tirer du modèle chinois est la capacité des dirigeants chinois à analyser l'économie mondiale et s'adapter aux évolutions.
"A l'aube du XXIe siècle, la Chine a commencé à transformer son économie, passant d'une approche basée sur l'industrie manufacturière à une approche favorisant les technologies de haut niveau, y compris les nanotechnologies et les technologies de l'information et de la communication", a fait remarquer M. Amoah.
"En outre, les dirigeants chinois font preuve d'indépendance. Ils sont capables de réfléchir par eux-mêmes après avoir observé ce que font les autres", a-t-il poursuivi.
Les Chinois n'ont pas seulement suivi les tendances et les modèles prévalents à l'international mais se sont aussi inspirés des bonnes pratiques existantes à travers le monde pour créer ce qui était adapté à leur propre situation, a expliqué M. Amoah. Selon lui, les pays africains ont besoin de ce genre de regard attentif et visionnaire dont la Chine a su tirer parti.
C'est grâce à cette attitude, a-t-il affirmé, que Beijing a été capable de mettre en place une économie de marché à la chinoise.
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