« Nous entendons œuvrer avec nos amis africains à mieux associer les dix programmes de coopération et l’Agenda 2063 de l’UA dans le cadre de l’initiative +Ceinture et Route+ pour approfondir notre coopération mutuellement bénéfique et soutenir les pays du continent dans leurs efforts pour réaliser le développement autonome et durable et se débarrasser définitivement du fléau de la pauvreté », a soutenu le ministre Chinois des Affaires étrangères, Wang Yi à l’ouverture, mercredi à Addis-Abeba, du 6ème Forum de réflexion Chine-Afrique sur la Lutte contre la pauvreté.

Dans le monde d’aujourd’hui, les facteurs d’incertitude et d’instabilité se multiplient et les problèmes de la paix et du développement se posent toujours avec acuité, a souligné le Chef de la diplomatie chinoise, rappelant que près de 400 millions d’Africains vivent sous le seuil de la pauvreté et la Chine a encore à sortir plus de 40 millions de ses habitants de ce phénomène.

Pour libérer l’Afrique du joug de la pauvreté, le ministre chinois a affirmé que son pays s’engage à travailler sur cinq axes prioritaires. Il s’agit premièrement, de multiplier les échanges avec les pays africains sur les expériences en matière de gouvernance de l'Etat, pour identifier les pistes de la réduction de la pauvreté et du développement, les atouts respectifs et l'orientation de la coopération sino-africaine, afin d'explorer ensemble une voie de réduction de la pauvreté et de développement correspondant au besoin de l'Afrique.

Deuxièmement, la Chine entend associer sa stratégie de développement à celle des pays africains, poursuivre le principe du développement intensif, privilégier le rendement socio-économique des projets de coopération, et oeuvrer à lever en priorité les trois obstacles au développement, à savoir l'insuffisance des infrastructures, le déficit en ressources humaines qualifiées et le manque de moyens financiers, pour créer des conditions favorables à la lutte contre la pauvreté, a-t-il indiqué.

En même temps, a-t-il poursuivi, il est impératif de prévenir les risques d'endettement et les fardeaux budgétaires que le financement et les investissements aveugles pourraient apporter aux pays africains, pour assurer la soutenabilité des actions de la réduction de la pauvreté".

Le troisième axe sur lequel la Chine compte investir porte sur le renforcement des capacités des pays africains. Selon le ministre chinois, les Africains doivent résoudre leurs problèmes eux-mêmes, soulignant que son pays s’engage à octroyer une aide de 100 millions de dollars à l’Union africaine destinée aux opérations de maintien de la paix et de la stabilité ainsi que la lutte contre le terrorisme à l’échelle du continent africain.

La santé est un créneau primordial sur lequel la Chine envisage de promouvoir au niveau de l’Afrique dans un souci de lutter contre la pauvreté. Ainsi, l’empire du milieu entend créer un grand centre de santé africain et cinq centres régionaux de santé en Afrique et d’intensifier ses efforts pour combattre les maladies qui ravagent le continent notamment le virus Ebola et le VIH/Sida.

« Ceci est de nature à créer un environnement relativement stable propice à la lutte contre la pauvreté », a-t-il dit.

Le cinquième axe prioritaire identifié par le ministre chinois des Affaires étrangères n’est autre que la valorisation des ressources humaines en Afrique à travers l’octroi de davantage de bourses aux étudiants africains pour atteindre 30.000, la formation à distance ou encore la formation de plus de 200.000 techniciens africains dans différents métiers.

M. Wang Yi n’a pas manqué d’insister sur la nécessité de rendre plus étroite la concertation Chine-Afrique sur les questions internationales. « Actuellement, la Chine et l'Afrique se trouvent l'une comme l'autre sur un nouveau point de départ pour le développement et le renouveau », a-t-il dit, soulignant que les deux parties ont « la confiance, la capacité et la sagesse » pour éradiquer la pauvreté et réaliser un développement partagé à travers une coopération renforcée en vue d'un avenir commun plus radieux.

Pour sa part, le Président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Mahamat Faki a rappelé que la Chine et l’Afrique « est une belle histoire qu’arrose la sève d’un combat commun pour la libération des jougs coloniaux, de lutte contre le sous-développement, d’affermissement de nos indépendances, de nos souverainetés et de nos positionnements respectifs dans le concert des nations ».

Pour lui, le partenariat entre l’Afrique et la Chine s’est inscrite, depuis toujours, dans « une évolution arc-boutée sur un socle de principes humanistes solides : équité, confiance, respect, avantages réciproques ».

L’élargissement des marchés régionaux continentaux, l’invention des grands projets transcontinentaux créateurs d’emplois, de richesse et de prospérité, l’attraction des investissements et le développement des compétences pour plus de technicité, plus de créativité, plus d’innovations dans la réalisation des infrastructures et la transformation de l’agriculture, défilent comme les meilleures pistes pour faire reculer les bornes de la pauvreté dans le continent, a-t-il estimé.

Et d’ajouter que l’Afrique a le potentiel de devenir le grenier du monde. Elle offrirait sa générosité pour des millions d’enfants malnutris dans le monde.

Selon Moussa Faki, la paix et la sécurité sont un impératif  « incontournable » au développement et à la lutte contre la pauvreté, l’exclusion, les inégalités, les injustices, relevant que la prospérité qu’ambitionne pour l’Afrique l’Agenda 2063 est intimement liée aux deux jumelles que sont la paix et la sécurité.

HA/APA