En 1980, , les Britanniques accordent l’indépendance à la Rhodésie du Sud qui prend le nom de Zimbabwe, membre du Commonwealth. L’ancien chef de guérilla Robert Mugabe est le nouveau Premier ministre.
Jean-Paul Baquiast 25/12/2015
Entre 1980 et 1983, une « guerre civile » a lieu entre les deux mouvements nationalistes
noirs ZANU (Shonas) et ZAPU (Matabélés et Ndébélés) Robert Mugabe devient le président du Zimbabwe. Le régime s'est fait connaître après 2000 par des expropriations de fermes appartenant à des Blancs. Mugabé après une crise agraire et politique liée à l'extension de ces expropriations, installe dans les fermes réquisitionnées des proches du régime, officiellement anciens combattants de la guerre d’indépendance qui n'ont pas la possibilité de continuer à cultiver les terres, dont beaucoup restent en friche.
Le Commonwealth, à la suite d'atteintes aux droits de l'homme dénoncées par ses "membres blancs", la Grande Bretagne, le Canada, l'Australie, renforce ses sanctions. Robert Mugabé décide de s'en retirer en 2004. Il continue ses expropriations, si bien que l’ancien grenier à blé de l’Afrique ne peut plus subvenir à ses besoins et que 70 % de la population se retrouve sans emploi.
En 2005, le parti de Robert Mugabe, la ZANU, remporte les élections législatives sur fond de violence et de fraudes électorales face à une opposition divisée et affaiblie. Des centaines de milliers d'habitants des bidonvilles d’Harare, bastions de l’opposition, sont expulsés à la fin du printemps lors de la destruction de leurs habitations sur ordre du gouvernement. Mugabe continue à pourchasser la minorité des Ndébélés. dont beaucoup s'enfuient en Afrique du Sud. On empêche les propriétaires de terres d'aller contester en justice leur expropriation.
En résultat des désordres, l’inflation dépassait les 1 000 % en 2006, et les 100 000 % en 2007. L’exode de la population vers les pays voisins s’accélère.
En 2008, le parti d'opposition MDC remporte la majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale (109 élus contre 97 élus à la ZANU). Publiés le 2 mai, le résultat de l’élection présidentielle est contesté. Lors de la campagne du second tour, le pays est le théâtre de violences politiques continues marquées par des atrocités commises par la police contre des membres de l’opposition et leurs familles mais aussi par l’arrestation de ses principaux chefs. Le chef de l'opposition Morgan Tsvangirai décide devant la terreur de se retirer.
Robert Mugabe est réélu. L’inflation dépassant les 10 millions % en rythme annuel : l'édition de billets de 100 milliards de dollars zimbabwéens (environ 3 EUR fin juillet 2008) est nécessaire. La population est contrainte de revenir à une économie de troc.
La Chine
La situation n'ayant fait qu'empirer, le Zimbabwe , sur le conseil de la diplomatie chinoise a décidé de se rapprocher de la Chine. Le gouvernement a fait savoir qu’il comptait promouvoir l’utilisation du yuan dans les échanges quotidiens sur son territoire. Pour encourager ce rapprochement, Pékin a accepté d’effacer 40 millions de dollars de dette due par Harare.
Déjà premier partenaire commercial de la Chine, le Zimbabwe veut renforcer ces liens. En échange de l'importation de produits chinois de première nécessité, la Chine a négocié de nombreux avantages économiques. Une base militaire est en cours de mise en place. Pour concrétiser tout ceci, le président Xi Jinping a effectué une visite officielle dans le pays au début du mois de décembre. Ceci a surpris, vu la différence considérable d'importance entre les deux pays. Mais l'ouverture presque complète du Zimbabwe à l'influence chinoise lui donne aux yeux de la Chine un poids considérable.
Avec le yuan et les nombreux avantages concédés à la Chine, le Zimbabwe s'enorgueillit désormais d'être le premier membre africain membre du Brics. Pékin espère que son exemple sera suivi par d'autres pays africains, plus stratégiquement importants. Les mauvais esprits voient dans le Zimbabwe la première vraie colonie dont s'est dotée la Chine en Afrique. Ce ne sera pas une colonie sur le modèle imposé par l'ancien Empire britannique. Mais elle sera cependant gérée d'une main de fer dans un gant de velours.
Pour en savoir plus
* Sur ce sujet, on lira un article un peu partisan publié sur le site Zerohedge
http://www.zerohedge.com/news/2015-12-24/zimbabwe-becomes-beijings-first-official-african-colony-after-adoption-chinese-yuan
noirs ZANU (Shonas) et ZAPU (Matabélés et Ndébélés) Robert Mugabe devient le président du Zimbabwe. Le régime s'est fait connaître après 2000 par des expropriations de fermes appartenant à des Blancs. Mugabé après une crise agraire et politique liée à l'extension de ces expropriations, installe dans les fermes réquisitionnées des proches du régime, officiellement anciens combattants de la guerre d’indépendance qui n'ont pas la possibilité de continuer à cultiver les terres, dont beaucoup restent en friche.
Le Commonwealth, à la suite d'atteintes aux droits de l'homme dénoncées par ses "membres blancs", la Grande Bretagne, le Canada, l'Australie, renforce ses sanctions. Robert Mugabé décide de s'en retirer en 2004. Il continue ses expropriations, si bien que l’ancien grenier à blé de l’Afrique ne peut plus subvenir à ses besoins et que 70 % de la population se retrouve sans emploi.
En 2005, le parti de Robert Mugabe, la ZANU, remporte les élections législatives sur fond de violence et de fraudes électorales face à une opposition divisée et affaiblie. Des centaines de milliers d'habitants des bidonvilles d’Harare, bastions de l’opposition, sont expulsés à la fin du printemps lors de la destruction de leurs habitations sur ordre du gouvernement. Mugabe continue à pourchasser la minorité des Ndébélés. dont beaucoup s'enfuient en Afrique du Sud. On empêche les propriétaires de terres d'aller contester en justice leur expropriation.
En résultat des désordres, l’inflation dépassait les 1 000 % en 2006, et les 100 000 % en 2007. L’exode de la population vers les pays voisins s’accélère.
En 2008, le parti d'opposition MDC remporte la majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale (109 élus contre 97 élus à la ZANU). Publiés le 2 mai, le résultat de l’élection présidentielle est contesté. Lors de la campagne du second tour, le pays est le théâtre de violences politiques continues marquées par des atrocités commises par la police contre des membres de l’opposition et leurs familles mais aussi par l’arrestation de ses principaux chefs. Le chef de l'opposition Morgan Tsvangirai décide devant la terreur de se retirer.
Robert Mugabe est réélu. L’inflation dépassant les 10 millions % en rythme annuel : l'édition de billets de 100 milliards de dollars zimbabwéens (environ 3 EUR fin juillet 2008) est nécessaire. La population est contrainte de revenir à une économie de troc.
La Chine
La situation n'ayant fait qu'empirer, le Zimbabwe , sur le conseil de la diplomatie chinoise a décidé de se rapprocher de la Chine. Le gouvernement a fait savoir qu’il comptait promouvoir l’utilisation du yuan dans les échanges quotidiens sur son territoire. Pour encourager ce rapprochement, Pékin a accepté d’effacer 40 millions de dollars de dette due par Harare.
Déjà premier partenaire commercial de la Chine, le Zimbabwe veut renforcer ces liens. En échange de l'importation de produits chinois de première nécessité, la Chine a négocié de nombreux avantages économiques. Une base militaire est en cours de mise en place. Pour concrétiser tout ceci, le président Xi Jinping a effectué une visite officielle dans le pays au début du mois de décembre. Ceci a surpris, vu la différence considérable d'importance entre les deux pays. Mais l'ouverture presque complète du Zimbabwe à l'influence chinoise lui donne aux yeux de la Chine un poids considérable.
Avec le yuan et les nombreux avantages concédés à la Chine, le Zimbabwe s'enorgueillit désormais d'être le premier membre africain membre du Brics. Pékin espère que son exemple sera suivi par d'autres pays africains, plus stratégiquement importants. Les mauvais esprits voient dans le Zimbabwe la première vraie colonie dont s'est dotée la Chine en Afrique. Ce ne sera pas une colonie sur le modèle imposé par l'ancien Empire britannique. Mais elle sera cependant gérée d'une main de fer dans un gant de velours.
Pour en savoir plus
* Sur ce sujet, on lira un article un peu partisan publié sur le site Zerohedge
http://www.zerohedge.com/news/2015-12-24/zimbabwe-becomes-beijings-first-official-african-colony-after-adoption-chinese-yuan
Le Club est l'espace de libre expression des abonnés de Mediapart. Ses contenus n'engagent pas la rédaction.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire