Chinafrique
Par Sébastien Le Belzic
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Le Monde.fr
2 m 29 et les larmes aux yeux. L’ancienne star de la NBA, Yao Ming, a ému la Chine entière lors de son périple africain l’an dernier pour la chaîne nationale CCTV. Le basketteur chinois est sorti de sa retraite en participant à une série documentaire sur la contrebande d’ivoire en Afrique. Pour une fois, la propagande n’y est pas allée avec des pincettes, filmant en gros plan le géant en pleurs face aux cadavres d’éléphants mutilés. « Acheter de l'ivoire revient à acheter des balles », a martelé la star pour sensibiliser ses compatriotes qui achètent 90 % de l’ivoire de contrebande africain.
La Chine veut s’affranchir de sa mauvaise image en Afrique. Si son attitude a peu à peu changé ces derniers mois, c’est que le massacre est « hors de contrôle » assurent plusieurs ONG. Selon elles, plus de 100 000 éléphants d’Afrique ont été tués entre 2010 et 2012. En cause : l’envolée de la demande d’ivoire en Chine, où le prix de gros pour les défenses brutes d’éléphants a triplé en quatre ans pour atteindre 2100 dollars le kilo !
« Tant que la Chine ne fermera pas son marché légal de l'ivoire, je ne vois pas de solution car la demande est trop forte, nous explique Andrea Crosta, directeur et fondateur d’Elephant Action League. Au Kenya, une paire de défense représente trois à cinq années d’un salaire moyen ».
« Les milices comme Boko Haram, l'Armée de résistance du seigneur (LRA) en Ouganda et beaucoup d’autres comme les Janjaweeds soudanais traquent et massacrent les éléphants. Les islamistes shebab se contentent quant à eux d’acheter et revendre l’ivoire, explique Andrea Crosta qui a infiltré ces filières pendant dix-huit mois. Ils collectent l'ivoire dans un ‘no man’s land’ situé entre le Kenya et la Somalie puis ils livrent la marchandise, soit directement dans les eaux internationales grâce à leurs vedettes rapides, soit dans des ports où ils peuvent facilement corrompre les douaniers comme celui de Mombasa ou de Dar es Salam. Il y a beaucoup d'acheteurs, mais ce ne sont que des intermédiaires avant d'arriver au client final qui le plus souvent est en Chine ».
« En achetant un simple bijou, vous alimentez une longue chaîne de crimes et de sang. En Somalie, par exemple, les Shebab achètent jusqu’à trois tonnes d’ivoire par mois aux braconniers africains pour les revendre ensuite aux Chinois. Ce trafic ressemble de plus en plus à celui de la drogue : les profits sont considérables et l’argent récolté sert à acheter des armes », assure Andrea Crosta.
Mais la Chine fait face à d’énormes défis pour contrôler ce trafic. Le nombre de riches clients intéressés continue de progresser et un nombre croissant de travailleurs chinois en Afrique achètent des quantités de plus en plus importantes d’ivoire pour les faire sortir en fraude. Pékin doit donc s’impliquer davantage dans cette lutte afin de ne plus apparaître comme le financier, même indirect, du terrorisme.
Cette fois la campagne risque de faire encore plus de bruit : Angelina Jolie et Brad Pitt, le couple star d’Hollywood, se mobilisent en effet à l’occasion d’Africa, un film coup de poing inspiré de la vie de Richard Leakey, ancien directeur du service de préservation de la faune du Kenya, et dont le tournage va bientôt débuter.
Interviewé par un grand quotidien de Hong Kong, Richard Leakey insiste sur le rôle de la Chine dans ce commerce illicite : « Les producteurs m’ont assuré qu’ils feront tout pour que le film soit projeté dans les cinémas chinois. »La Chine veut s’affranchir de sa mauvaise image en Afrique. Si son attitude a peu à peu changé ces derniers mois, c’est que le massacre est « hors de contrôle » assurent plusieurs ONG. Selon elles, plus de 100 000 éléphants d’Afrique ont été tués entre 2010 et 2012. En cause : l’envolée de la demande d’ivoire en Chine, où le prix de gros pour les défenses brutes d’éléphants a triplé en quatre ans pour atteindre 2100 dollars le kilo !
« Tant que la Chine ne fermera pas son marché légal de l'ivoire, je ne vois pas de solution car la demande est trop forte, nous explique Andrea Crosta, directeur et fondateur d’Elephant Action League. Au Kenya, une paire de défense représente trois à cinq années d’un salaire moyen ».
Collusion entre les groupes terroristes et les trafiquants d’ivoire
Mais la Chine ne se mobilise pas uniquement pour la survie des éléphants. Plusieurs rapports pointent en effet la collusion entre les groupes terroristes et les trafiquants d’ivoire. Pour le Programme des Nations unies pour l’environnement et l’organisation de coopération policière Interpol, l’ivoire africain vendu en Asie représente une valeur marchande de plus de 150 millions de dollars par an (plus de 110 millions d’euros).« Les milices comme Boko Haram, l'Armée de résistance du seigneur (LRA) en Ouganda et beaucoup d’autres comme les Janjaweeds soudanais traquent et massacrent les éléphants. Les islamistes shebab se contentent quant à eux d’acheter et revendre l’ivoire, explique Andrea Crosta qui a infiltré ces filières pendant dix-huit mois. Ils collectent l'ivoire dans un ‘no man’s land’ situé entre le Kenya et la Somalie puis ils livrent la marchandise, soit directement dans les eaux internationales grâce à leurs vedettes rapides, soit dans des ports où ils peuvent facilement corrompre les douaniers comme celui de Mombasa ou de Dar es Salam. Il y a beaucoup d'acheteurs, mais ce ne sont que des intermédiaires avant d'arriver au client final qui le plus souvent est en Chine ».
« En achetant un simple bijou, vous alimentez une longue chaîne de crimes et de sang. En Somalie, par exemple, les Shebab achètent jusqu’à trois tonnes d’ivoire par mois aux braconniers africains pour les revendre ensuite aux Chinois. Ce trafic ressemble de plus en plus à celui de la drogue : les profits sont considérables et l’argent récolté sert à acheter des armes », assure Andrea Crosta.
Mais la Chine fait face à d’énormes défis pour contrôler ce trafic. Le nombre de riches clients intéressés continue de progresser et un nombre croissant de travailleurs chinois en Afrique achètent des quantités de plus en plus importantes d’ivoire pour les faire sortir en fraude. Pékin doit donc s’impliquer davantage dans cette lutte afin de ne plus apparaître comme le financier, même indirect, du terrorisme.
Sébastien Le Belzic est un journaliste installé à Pékin depuis 2007, où il dirige le site Chinafrica.info, un magazine sur la « Chinafrique » et des économies émergentes
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