Il est de bon ton de mettre en avant l’investissement chinois en Afrique. C’est un fait avéré que la Chine investit sur le continent. Cependant, pour aller au-delà de cette caricature, la Chine n’a pas le monopole de l’investissement en Afrique.
Si l’on prend en compte les données macro-économiques, la Chine est certes un acteur important, mais il convient de considérer aussi trois autres types d’investisseurs. D’une part, les pays développés, au premier rang desquels la France et les États-Unis, puis le Royaume-Uni et le Japon. L’investissement européen et nord-américain, non seulement reste au global le premier, mais il prend des formes variées. En effet, il est autant porté par les entreprises que par les États via notamment l’aide au développement.
Le fait que les pays développés continuent à soutenir fortement l’aide au développement est d’ailleurs une spécificité de ces pays qu’il convient de ne pas négliger. Second groupe, les acteurs venant d’autres pays émergents et notamment l’Inde, le Brésil (fort focus sur les pays lusophones en porte d’entrée), les pays du Golfe tant l’Arabie Saoudite que les émirats et dans une moindre mesure la Turquie. Là encore, le mixte est varié : fonds souverain pour les pays du Golfe, fonds dédié sur l’Afrique pour le Brésil, tissu d’entreprises locales pour le Brésil et l’Inde.
Enfin, il ne faut pas oublier l’investissement en Afrique de fonds ou sociétés venant d’Afrique. Les grandes économies que sont l’Afrique du Sud ou le Maroc ne sont pas en reste. Donc oui, la Chine investit en Afrique, mais est loin d’être le seul pays actif. L’étude de l’institut Montaigne, "Afrique-France, mettre en pratique le codéveloppement", publiée en décembre 2013, rappelle fort justement que si la Chine est le premier partenaire commercial de l’Afrique, elle n’est que le 6e investisseur sur le continent loin derrière la France qui pèse 20 % des stocks d’IDE.
Dans le domaine des TIC, plusieurs cas de figure sont à distinguer. Le cas des infrastructures télécoms, tout d’abord. Pour celles-ci, Huawei et ZTE ont une présence forte en Afrique, mais qui illustre aussi leur dynamique commerciale mondiale. Les dirigeants africains ont par ailleurs moins de remords que leurs homologues européens à passer par ces acteurs en comparaison aux équipementiers du vieux continent.
Si ces succès sont indéniables, ils ne doivent pas masquer ceux d’entreprises par exemple nord-américaines (Cisco) ou françaises (Gemalto, Morpho ou Bull). Une prochaine étape, où des acteurs chinois pourraient briller sera peut-être sur la partie terminaux (type téléphone, smartphone ou tablette). Des devices adaptés au marché africain (coût, résistance, batterie) sont encore en devenir si ce n’est quelques initiatives locales.
Par contre, au-delà des infrastructures et réseaux, les acteurs de "services" sont souvent issus d’autres pays que la Chine dont les rares expériences en tant qu’opérateur (CCT en RDC) n’ont guère été concluantes. Les opérateurs télécoms, quand ils ne sont pas filiales de groupes français (Orange) ou anglais (Vodafone) appartiennent soit à des groupes soit locaux (MTN) soit à d’autres pays émergents (Airtel racheté par des Indiens de Barthi, Milicom qui bien que basé au Luxembourg a une activité purement dans les pays émergents tout comme le néerlandais Digicel, sans parler des acquisitions des pays du Golfe notamment Etisalat). Dans le domaine de l’ingénierie télécom, ce sont des acteurs français ou allemand qui ont la cote, avec aussi l’arrivée de Vietnamiens.
L’Afrique attire donc plusieurs pays en tant que partenaires. Si la Chine a connu la plus forte progression au cours de la décennie passée (en tant que partenaire commercial), ce succès ne doit pas occulter les autres pays qui investissent sur le continent. Notamment dans la partie "service" ce sont encore les acteurs des pays développés ou d’autres pays émergents (Inde, Pays du Golfe) qui se distinguent.
Jean-Michel
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