Brazzaville et Pointe-Noire n'ont pas encore leur Chinatown, mais cela ne saurait tarder tant les Chinois investissent en masse l'économie.
Par notre envoyée spéciale à Brazzaville, Muriel Devey Malu-Malu
À ne pas manquer
- Jean-Marie Bockel : "Les électeurs déçus par François Hollande peuvent se retrouver dans l'UDI"ParNina Bontemps-Terry
- Le bac pour tous !ParSophie Coignard
- Pékin veut contrôler la mer de ChineParPierre Beylau
- Berlin chasse le patron des services secrets américainsParGuerric Poncet
- Lumia 930 : le dernier des vrais Nokia ?ParGuerric Poncet et Marie Salah
- Hadopi : un mort qui marcheParOlivier Pérou
La filière BTP a la faveur de nombre d'entreprises
C'est dans la filière BTP que celles-ci sont particulièrement actives au Congo. Et pour cause. Le gouvernement congolais a inscrit à son programme d'investissements publics, et dans le cadre de la municipalisation accélérée, la réalisation de nombreuses infrastructures économiques, administratives et sociales de base. Barrages hydroélectriques, lignes de transport d'énergie, routes, ports, infrastructures aéroportuaires, logements, hôpitaux, écoles, édifices publics, complexes sportifs, usines de production d'eau, systèmes d'assainissement... : les sociétés chinoises sont, de loin, les grands gagnants des appels d'offres lancés par la Délégation générale des grands travaux.D'autres interviennent en priorité dans le bâtiment comme Beijing Construction Engineering Group, CEEDI, Dawa Engineering, China Geo Engineering Corporation International, Beijing Construction Engineering Group, ainsi que Zhengwei technique Congo, Sino Hydro et China Stade Corporation and Equipement Company, qui ont raflé les marchés de construction du grand complexe sportif de Kintélé.
Outre la CRBC, les projets routiers phares du pays sont revenus à la China State Construction & Engineering Corporation, numéro un du BTP chinois (route Dolisie-Brazzaville) et à Sino-Hydro (tronçon Ketta-Biessi, dans la Sangha). Récemment implantée au Congo, la China Gezhouba Groupe Company, pour sa part, construit la centrale hydroélectrique de Liouesso, tandis que la China Jiangsu réalise le palais présidentiel à Sibiti et le 2e module de l'aérogare de Pointe-Noire, après avoir construit l'aérogare de l'aéroport d'Ollombo.
Au-delà des nouvelles technologies, l'impérative prospection des matières premières
Dans les nouvelles technologies de l'information, ce sont les sociétés Huawei Technologies (3e équipementier mondial des télécommunications) et CMEC qui ont raflé le marché de construction du réseau national de fibre optique entre Pointe-Noire, Brazzaville et Ouesso. Loin de se limiter au BTP, la Chine est présente dans d'autres secteurs. Et pour cause. La recherche de matières premières (bois, pétrole, ressources minières) et de débouchés, tant pour ses entreprises que pour ses produits, est indispensable pour son développement. D'ailleurs, nombre de leurs sociétés installées au Congo importent de Chine les matières premières, les intrants et une partie de la main-d'oeuvre - cadres et ouvriers - nécessaires à l'exécution des travaux.Dans la filière bois, les entreprises chinoises caracolent en tête des superficies concédées, avec quelque 3,182 millions d'hectares de concessions réparties entre la Sino Congo Forêts, établie dans la Lékoumou et le Kouilou ; la société d'exploitation forestière Yuang Dong, implantée dans la Sangha ; la Congo Deija Wood Industry (Cuvette Ouest) ; Thanry Congo, filiale du groupe Vicwood (Likouala) ; et Wang Sam Resources and Trading Congo (Cuvette).
Présente dans l'exploration pétrolière, avec China Congo Wing Wah Petrochimical et China National Offshore Oil Corporation, la Chine a également mis pied dans le secteur minier. Or, polymétaux, diamant, fer, uranium, potasse, grès, carrières et autres..., tout l'intéresse. Une bonne vingtaine de sociétés sont ainsi en phase de recherche et d'exploration dans plusieurs départements du pays. Parmi elles figurent Lulu, Luyan des Mines, Congo Yuan Wang Investment Million Well Congo, Sino Congo, China National Group Gerald, China Ghezouba Group. Et bien d'autres. Mais le projet d'envergure, et le plus avancé, reste le projet potasse de Mengo, avec Evergreen Industries qui contrôle Mag Minerals Potasses Congo. Il est vrai que les besoins en potasse (engrais) de la Chine sont énormes, notamment pour l'agriculture.
Usines, commerce de détail et zones économiques spéciales
Outre deux cimenteries - la Société nouvelle des ciments du Congo à Loutété (Bouenza) et Forspak à Dolisie (Niari) -, les Chinois ont également investi dans une usine de matériaux de construction (briques, carreaux et tuiles) à Makoua, une unité de fer à béton à Djiri et de panneaux solaires à Oyo. Au grand dam des Ouest-Africains, les Chinois ont investi le commerce de détail et comptent même plusieurs supérettes - enseigne Asia - à Brazzaville (centre-ville, Ouenzé et Bacongo) et Pointe-Noire. Outre des assistants techniques dans les secteurs agricole (Centre de démonstration des techniques agricoles de Kombé) et médical, les Chinois ont ouvert aussi des petites officines et des cliniques privées et se sont lancés dans le maraîchage. Dans un avenir proche, qu'ils soient réalisés dans le cadre des grands travaux ou de la municipalisation accélérée, les projets ne manquent pas. Ainsi, des partenariats entre la Chine et le Congo sont en négociation pour la mise en place des zones économiques spéciales, notamment celles de Pointe-Noire et d'Ollombo/Oyo. Pour la réalisation d'un port minéralier à Pointe-Noire également, dont la première phase de l'étude de faisabilité a déjà été réalisée par la China Road and Bridge Corporation.Si les investissements chinois au Congo montent en puissance, les relations commerciales ne sont pas en reste. La Chine, qui importe largement du Congo du pétrole et du bois, tend à ravir aux États-Unis la place de premier pays client. Elle dispute également à la France celle de premier pays fournisseur, expédiant de plus en plus vers le Congo ses produits manufacturés. Pour preuve, le volume des échanges commerciaux entre la Chine et le Congo a atteint 5,870 milliards de dollars en 2013 contre 290 millions de dollars en 2002.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire