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mardi 11 février 2014

Jane Goodall : "en Afrique, la Chine fait exactement ce que faisaient les puissances coloniales"

Jane Goodall : "en Afrique, la Chine fait exactement ce que faisaient les puissances coloniales"

En marge d’une conférence à l’université Wits de Johannesburg, la célèbre primatologue Jane Goodall a accordé un entretien à l'AFP, dans lequel elle dénonce l'exploitation des ressources de l'Afrique par la Chine. Avez-vous déjà partagé cet article? Partager sur FacebookPartager sur Twitter Facebook Twitter Plus de 50 ans après avoir démarré ses recherches sur les chimpanzés, Jane Goodall, la célèbre primatologue poursuit son combat pour protéger les animaux et l'environnement. Cette année, elle fêtera ses 80 ans et a pour l'occasion, prévu de donner toute une série de conférences à travers le monde pour alerter sur les dangers qui menacent la planète. En marge d'une conférence donnée à l'université Witts de Johannesburg, elle a dénoncé le rôle joué par la Chine."En Afrique, la Chine fait exactement ce que faisaient les puissances coloniales. Ils veulent les matières premières pour alimenter leur croissance économique, ils prennent les ressources naturelles et laissent les populations encore plus pauvres", a t-elle expliqué à l'AFP. "Mais les Chinois sont plus nombreux, et les technologies ont progressé. C’est un désastre", a t-elle déploré.Un marché important Il faut dire que la Chine est très présente dans toute l'Afrique pour exploiter les richesses minières. Mais le pays est également considéré comme un important marché pour tout ce qui touche au trafic d'animaux et à la vente illégale de l'ivoire des éléphants ou des cornes de rhinocéros. Or, ces deux espèces font aujourd'hui face à la menace grandissante du braconnage qui décime les populations.En décembre 2013, à l'occasion d'une grande conférence tenue au Botswana, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a placé la Chine dans le "gang des huit". Des pays qui jouent un rôle prépondérant dans le trafic d'ivoire mais qui sont accusés de ne rien faire pour l'empêcher. Aujourd'hui, les spécialistes estiment que 70% de l'ivoire illégal est destiné à la Chine où posséder des objets en ivoire dénote encore un statut social élevé.A cela s'ajoute la menace constituée par la pharmacopée chinoise, très friande de nombreux produits animaux. C'est le cas de l'ivoire mais aussi et surtout des cornes de rhinocéros, ou encore des os de tigres. Au cours des dernières années, les prix sont montés en flèche, motivant encore davantage les braconniers formant désormais des réseaux très bien organisés et équipés pour chasser les espèces.Prise de conscience Toutefois, tout n'est pas perdu selon Jane Goodall. "Je crois que la Chine est en train de changer", a t-elle avancé, évoquant l'initiative récemment prise par le pays. Début janvier, la Chine a en effet détruit devant les caméras 6 tonnes d'ivoire. Un message fort destiné à décourager le trafic de l'ivoire et renforcer la prise de conscience du public. "Je pense qu’il y a 10 ans, même sous la pression internationale, ils n’auraient pas brûlé un stock d’ivoire"."Il y a 10 ans, ils n’auraient pas renoncé à la soupe aux ailerons de requin lors des repas officiels. Ils l’ont fait. Il y a peut-être un peu d’effet d’affichage derrière cela, mais j’espère que c’est le signe d’un changement d’état d’esprit et d’un début de compréhension", a commenté Jane Goodall. Mais la prise de conscience se manifeste aussi au niveau du public et en particulier des enfants, de plus en plus sensibilisés à ces questions."Nous travaillons avec des centaines d’enfants chinois, ils ne sont pas différents des autres enfants. Ils aiment la nature, ils aiment les animaux, ils veulent contribuer", a témoigné pour l'AFP le Dr Goodall. Emplie d'espoir, elle a vu au cours des dernières années les problèmes environnementaux venir de plus en plus sur le devant de la scène. "Le grand problème, c’est que les gens comprennent mais ne savent pas quoi faire pour que les choses changent". Pourtant, "chacun d’entre nous peut faire une différence, chaque jour nous pouvons choisir quelle différence nous voulons faire. On pourrait croire que de petits changements dans notre vie quotidienne ne vont servir à rien, mais si vous avez des milliers, un million ou plusieurs millions de gens qui font le bon choix, en pensant aux conséquences de leur comportement, alors vous allez voir un grand changement", a t-elle assuré. La nature peut reprendre ses droitsMais la primatologue garde aussi confiance en la nature. "Ma seconde raison d’espérer, c’est la formidable capacité de la nature à se régénérer". En guise d'exemple d'écosystèmes dévastés par l'homme, elle cite l'un des plus "spectaculaires", celui du plateau de Loess en Chine. Réhabilité dans les années 2000, cette vaste zone "était vouée à devenir le plus grand écosystème détruit dans le monde. Ça a demandé beaucoup d’argent mais si vous y allez maintenant, c’est verdoyant, il y a des fermes, il y a même une réserve pour les animaux sauvages", a raconté la spécialiste qui a récemment ému la Toile avec la vidéo de la remise en liberté de Wounda une femelle chimpanzé. Selon le Dr Goodall, il n'est donc pas trop tard pour inverser la tendance. "Nous avons encore une petite fenêtre de temps pour changer les choses", a t-elle conclu.La vidéo ci-dessus montre la conférence donnée par le Dr Jane Goodall il y a quelques années au TEDGlobal (Technology, Entertainment and Design). (crédits photo : Erik (HASH) Hersman)

En savoir plus: http://www.maxisciences.com/environnement/jane-goodall-en-afrique-la-chine-fait-exactement-ce-que-faisaient-les-puissances-coloniales_art31966.html
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