Le pétrole et la Chine-Afrique
Dans la relation Chine-Afrique une place prépondérante est accordée au commerce de matières premières. Alors que la Chine se présente comme un pays du Sud et que les autorités chinoises affirment jouer d’égal à égal avec les pays africains, la structure des échanges commerciaux sino-africains a une caractéristique Nord-Sud : la Chine importe des matières premières (au deux tiers du pétrole, mais aussi du bois, des minerais et du coton) et exporte des produits manufacturés.
Selon la Banque mondiale, 85 % des exportations africaines vers la Chine proviennent des cinq principaux pays producteurs de pétrole : Angola, Guinée équatoriale, Nigeria, République démocratique du Congo et Soudan.
Les investissements chinois en Afrique stabilisent l’accès au pétrole
Les investissements directs étrangers (IDE) chinois en Afrique se multiplient. Les acquisitions chinoises s’accompagnent parfois de concessions commerciales ou diplomatiques importantes. La Chine est aujourd’hui la première cliente du Soudan pour le pétrole mais aussi la plus importante contributrice à la construction de l’industrie pétrolière soudanaise, de l’exploration au raffinage et au transport. La CNPC (société chinoise) détient 40 % de la Greater Nile Petroleum Operational Company qui est une société d’État soudanaise. ...
Mais les liens commerciaux de la Chine avec le Soudan sont aussi source d’inquiétudes pour la diplomatie chinoise. Les relations de la Chine avec le président soudanais Al-Bashir nuisent à l’image de « puissance responsable » que l’Empire du Milieu essaie de cultiver.
Quel futur pour la Chine-Afrique ?
Malgré l’actuelle frénésie d’investissements, dans le pétrole mais aussi dans l’exploitation d’autres ressources naturelles certaines tendances amènent à penser que la mainmise chinoise sur le pétrole africain pourrait être remis en cause.
En Afrique, la Chine offre une aide au développement indépendante de toute considération d’ordre politique. Ceci sape la stratégie de la Banque mondiale et de l’Union européenne visant à lier les financements à l’évolution des régimes africains vers des régimes plus respectueux des droits de l’homme. Mais même si les intérêts énergétiques sont d’une importance vitale pour Pékin, la diplomatie chinoise œuvre aussi veiller à ne pas nuire à d’autres intérêts tels que la relation avec les Etats-Unis et le maintient de son image de puissance émergente pacifique et responsable sur la scène internationale.
La Chine risque ainsi de découvrir les limites de la non-ingérence pourtant aujourd’hui au cœur de sa rhétorique diplomatique. Si les autorités chinoises aiment à souligner que la relation Chine-Afrique est « gagnante-gagnante » avec un impact positif sur la croissance économique africaine. ; toutefois, certaines critiques sont faites par les Africains eux-mêmes : les bénéfices du pétrole ne seraient pas réinvestis sur place et le coût environnemental de l’exploitation serait élevé.
D’autre part il est certain que la focalisation sur les matières premières risque de limiter le développement des exportations de produits manufacturées « Made in Africa ». Dans secteur textile, les pays africains ne sont pas en mesure de rivaliser avec les produits chinois en terme de compétitivité prix. L’activité chinoise contribuerait donc peu à l’emploi local avec une main-d’œuvre majoritairement chinoise. Certains se plaignet que les marchés africains soient inondés de biens de produits chinois peu chers et qui font concurrence aux producteurs locaux. La Chine aurait également des pratiques illégales dans l’extraction pétrolière.
Ces critiques obligeront peut être Pékin à se contenter de jouer à terme un rôle de partenaire responsable, mais pas de véritable champion.
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