La Banque africaine de développement a présenté l’édition 2018 des Perspectives économiques en Afrique, dans laquelle, il est question des atouts que représente la Chine pour les pays africains et des leçons qui serviraient les dirigeants pour dynamiser la croissance économique de leur pays.

En 1979, avant sa réforme économique et son ouverture, la Chine était un pays pauvre dont le PIB par habitant n’atteignait pas un tiers de la moyenne de l’Afrique subsaharienne. Au cours des 38 années suivantes, sa croissance annuelle moyenne a été de 9,6 %. Elle est également l’unique économie de marché émergente à n’avoir subi aucune crise financière et économique systémique.

Un aspect important de la réussite de la Chine est que le pays ne s’est pas aligné sur la pensée économique dominante, prônant « la thérapie de choc », qui inflige simultanément un ensemble massif de réformes politiquement difficiles. Il a, au contraire, adopté une approche pragmatique en deux volets.

D’une part, elle a continué à fournir une protection et des subventions transitoires à de grandes entreprises publiques à haute intensité de capital, en contradiction avec l’avantage comparatif du pays, mais essentielles pour la défense nationale et les besoins de base de la population. L’État a activement aidé ces industries à développer un avantage comparatif en levant les obstacles existant dans les infrastructures physiques et non matérielles.

D’autre part, elle a laissé des entreprises privées et étrangères pénétrer le marché des industries chinoises exploitant l’avantage comparatif de la Chine. Ce glissement dans l’avantage comparatif a permis à l’État d’approfondir les réformes, de supprimer les protections et subventions, et de laisser le marché décider de l’affectation des ressources.

Trois leçons peuvent être tirées du développement économique et de la transition de la Chine au profit d’autres pays en développement.

Premièrement, être pragmatique et réaliste. Il est essentiel d’avoir des évaluations objectives et détaillées des réalités et conditions de base du pays, y compris son niveau de développement et sa dotation en main-d’oeuvre, en capital et en ressources naturelles, ainsi que des principaux problèmes et de leurs causes.

Il est également crucial de disposer d’une évaluation systématique de pays à différents stades de développement, ainsi que de leurs relations, différences et complémentarités avec d’autres pays.

Il est particulièrement important de ne pas copier aveuglément les autres pays, en particulier les théories, politiques et expériences des pays développés, dont la situation peut être très différente.

Deuxièmement, formuler des stratégies de développement économique et de transition convenant à son propre pays. De telles stratégies ont plusieurs dimensions, y compris une politique industrielle.

L’innovation technologique et la modernisation industrielle sont les moteurs du développement d’un pays en développement. Mais les industries modernisées doivent être cohérentes avec les facteurs dont est doté le pays, afin que les coûts des facteurs soient les plus faibles du monde pour les entreprises. La chose n’est pas aisée parce que les coûts de transaction sont généralement élevés pour les entreprises des pays en développement à cause de l’inadéquation des infrastructures, des institutions et de l’environnement des affaires. Il est donc impératif de réduire les coûts de transaction des entreprises pour accroître leur compétitivité sur le marché.

Il revient à l’État d’améliorer l’infrastructure, l’environnement des affaires et les institutions juridiques.

Mais ses ressources sont limitées et doivent, par conséquent, être utilisées de façon stratégique pour améliorer les infrastructures et lever d’autres obstacles dans des lieux choisis pour réduire les coûts de transaction d’industries ciblées et pour passer rapidement d’un avantage comparatif à un avantage concurrentiel.

Ainsi, de petits gains peuvent s’accumuler pour devenir importants. Avec un développement économique dynamique, l’amélioration des infrastructures, de l’environnement des affaires et des institutions juridiques peut être progressivement étendue à l’ensemble de la nation.

Troisièmement, apprendre des erreurs de l’intervention excessive du structuralisme et du laissez-faire néolibéral, et laisser plutôt le marché et l’État jouer leurs rôles respectifs dans la transition économique.

Source : adapté de Lin (2017)

Perspectives économiques de l’Afrique, édition  2018

Chapitre 2 – Croissance, emploi et pauvreté en Afrique