CHINE AFRIQUE

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dimanche 7 janvier 2018

Pour que l'Afrique soit la prochaine Chine | Financial Afrik

Pour que l'Afrique soit la prochaine Chine | Financial Afrik

L’année 2017 a confirmé  la  fin des 13 fausses glorieuses de l’Afrique.  Les taux de croissance de la période (2003-2016) , tirés essentiellement par les exportations des matières premières, ont comblé les déficit, amélioré les positions des pays en devises sans créer, il faut le dire,  beaucoup d’emplois.

La crise du pétrole intervenue depuis 2016 a stoppé net des chantiers d’infrastructures et  fait fondre  les réserves extérieures,  renvoyant une bonne partie du continent dans une configuration des Politiques d’ajustement structurelles (PAS) qui ne disent pas leur nom.
Nous sommes en effet revenu dans une configuration des années 80. La dévaluation est de nouveau une option (lire   à cet effet les simulations réalisées par l’agence Standard and Poor’s publiées par Financial Afrik) que l’on ne peut plus écarter en zone Franc.
L’encadrement sévère de la zone de la Communauté économique de l’Afrique centrale (CEMAC) illustre une nouvelle fois de la précarité des économies africaines.    Le FMI est de nouveau à la place du conducteur selon la vision conservatrice de Paul Wolfowitz. Ce cycle infernal de prospérité-crise, illusion-désillusion, est le propre des économies extractives, vivant d’une demande extérieure en dents de scie.
Seules des dynamiques internes fortes sont à même de réduire cette dépendance. Sur ce point, nous pensons que les logiques nationales ont toutes échoué. Pas plus en 1960 qu’aujourd’hui, l’Afrique n’a pas le choix. C’est «s’unir ou périr» selon la célèbre citation de Nkuamé Krumah.
Du fait de sa dramatique histoire et de sa forte démographie,  le continent a besoin d’une intégration réelle pour rééquilibrer son rapport économique avec ses partenaires historiques (Europe, USA) et nouveaux (Asie, BRIC).
La Chine s’est développée essentiellement grâce à un puissant marché intérieur et à une vision politique et économique exécutée par un Etat souverain, maîtrisant son agenda et ses leviers de financement. L’Afrique d’aujourd’hui stagne dans la fragmentation  avec un agenda continental, la vision 2063, certes bien conçu, mais encore à valeur de symbole. La logique de financement des Etats repose pour l’essentiel sur l’aide publique et la coopération internationale. 
Certes, à côté de cette architecture statique, il y a des dynamiques internes.  Les stratégies  de financement endogène font l’objet d’une prise en compte au plus  haut niveau des Etats.  Il en est de même de la Zone économique de libre –échange, qui avance lentement, à pas de tortue, mais sûrement.
De leur  côté, les communautés économiques régionales poursuivent leurs processus de rapprochement à différentes vitesses. Meilleure élève en la matière, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dotée de son Tarif Extérieur Commun, attire de nouveaux adhérents. 
Mais, dans  le fond, la CEDEAO doit encore, pour intégrer  le top 20 des premières économies mondiales,  procéder à un démantèlement accéléré des barrières non tarifaires et lever tous les obstacles au commerce et à la circulation des capitaux. Mais sans un marché unique global, supposant un open sky, un cadre juridique commun, la possibilité de circulation et d’acceptation des effets de commerce, des garanties, des sûretés, des polices d’assurance, une  libéralisation du transport, une monnaie unique,  la CEDEAO risque de rater son rendez-vous avec l’histoire.

Il faudrait à ce géant théorique, une  sorte de technocratie de Bruxelles alliée à des démocraties locales, pour conduire la vision économique commune et les négociations avec le reste du monde. Pour l’heure, cette vision n’existe pas. La CEDEAO est encore une association d’Etats liés par leur appartenance géographique mais sans possibilité, en son sein, de dépasser les obstacles superficiels de la langue , de la monnaie et de la trompeuse souveraineté.  Si la CEDEAO et, au delà, l’Union Africaine, veulent devenir la prochaine Chine, elles devront mettre en place le cadre nécessaire à la concrétisation du marché intérieur.    L’unité africaine ne relève pas de l’afro-centrisme. 
Il ne s’agit pas de  flatter l’égo des  inventeurs de pyramides. Mais d’enclencher des  logiques bassement matérielles pour créer de l’emploi nécessaire à  une jeunesse condamnée à l’errance.   En s’unissant, l’Afrique devient le premier exportateur mondial de pétrole, de l’or, de cuivre et  de cobalt. En poursuivant dans sa fragmentation actuelle, le continent devient le premier exportateur de clandestins et fait le lit du terrorisme international.  C’est clair, il ne suffira pas, dans cet élan unioniste, de décréter la croissance endogène, il faut la susciter à partir des leviers forts que sont l’intégration africaine, régionale ou sous-régionale, l’harmonisation des procédures et   des normes. 
L’urgence est dans la transformation locale des matières premières.  C’est là, dans la fève de cacao, du cajou, que réside le réservoir d’emploi des 15 millions de jeunes qui intègrent annuellement le marché du travail. La CNUCED  estime que ce marché africain de l’emploi  sera de 600 millions d’ici 40 ans. L’OCDE avance le chiffre de 900 millions.  Il est évident que nos économies actuelles ont besoin de transformer leurs croissances conjoncturelles en croissance structucturelles pour donner suffisamment d’emplois à une jeunesse en proie à la désillusion.

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