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lundi 27 juin 2016

Une nouvelle Route de la Soie pour bouleverser l'ordre mondial

Une nouvelle Route de la Soie pour bouleverser l'ordre mondial

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Xi Jinping l’avait annoncée lors de sa prise de fonction en 2013 : la construction d’une nouvelle «Route de la Soie » constitue l’un des projets phares de sa présidence. Rencontre avec Jonathan Fulton, chercheur en politique étrangère chinoise à l’Université de Leicester et professeur de relations internationales à la Zayed University (Abu Dhabi).




Le président chinois ne dissimule plus ses ambitions de transformer son économie. Jusqu’ici, la Chine se positionnait comme exportateur. Elle souhaiterait dorénavant changer la donne en ouvrant son marché aux importations, à des moyens de production plus innovants mais aussi s’engager dans un processus d’amélioration de la qualité et de l’écologie. Dans cette optique, la « One Belt One Road » (OBOR) constitue un projet titanesque de construction d’un réseau de routes et « couloirs » commerciaux à travers 65 pays, de la Chine à l’Afrique. A terme, l’OBOR connecterait la Chine à plus de 4 milliards de personnes, 65 % du marché terrestre et 30 % du marché maritime mondiaux. Alors que les premiers travaux de construction ont débuté, décryptage avec le spécialiste Jonathan Fulton.

Jonathan Fulton, chercheur en politique étrangère chinoise à l’Université de Leicester et professeur de relations internationales à la Zayed University (Abu Dhabi). Jonathan Fulton

Quelles ambitions poursuit la Chine en construisant un réseau de telle ampleur ?
Il semble que l’OBOR représente un effort commercial pour relier la Chine aux marchés africains et européens, en passant par l’Asie continentale. L’Empire du Milieu cherche ainsi à constituer un capital géostratégique et une manne pour l’avenir. En même temps, cela ressemble également aux prémisses d’une tentative pour construire un nouvel ordre mondial, qui viendrait bouleverser le système commercial actuel, dirigé par les États-Unis et incarné par le FMI et la Banque Mondiale. Des entités telles que l’AIIB (Asian Infrastructure Investment Bank) et le Silk Road Fund ont été mis en place pour financer des projets colossaux à travers tout le continent asiatique. Il y a donc certainement un aspect politique à l’OBOR – dont les cinq objectifs stratégiques sont la coordination des politiques, la connexion des installations, un certain libre-échange, l’intégration financière et la facilitation des relations entre particuliers de cette nouvelle zone économique. Si la Chine parvient à mener ce projet à bien, cela assoirait bien sûr sa domination du commerce mondial.



Que signifie la construction d’OBOR pour les autres acteurs asiatiques ainsi que pour l’UE ?Dans certains pays, cela veut dire qu’il existe une alternative au Consensus de Washington pour développer des projets, ce qui serait bienvenu. La Chine a une approche différente des États-Unis à propos des investissements internationaux : elle tend séparer l’aspect politique des questions financières. C’est à mon sens un aspect positif pour beaucoup de pays tant en Asie qu’au Moyen-Orient et en Afrique. Par ailleurs, parmi les cinq objectifs stratégiques mentionnés ci-dessus, l’accord de libre-échange et l’intégration financière constituent deux points très attrayants pour beaucoup de pays en développement. C’est là que se trouve le challenge le plus important pour mettre en place le projet OBOR, car beaucoup d’acteurs n’ont pas encore atteint ce niveau de confiance vis-à-vis de la Chine…

Le projet OBOR prend des proportions grandissantes d’année en année. Les tracés rose et bleus illustrent les projets terrestres et maritime (respectivement).

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