La monnaie chinoise poursuit son expansion en Afrique en devenant la deuxième monnaie officielle de l'Angola. Peu à peu, le yuan s'étend sur le continent.
Par Olivier Bories
Début août, l'Angola a adopté le yuan, la monnaie chinoise, comme deuxième monnaie officielle, après le kwanza. L'Afrique du Sud, premier partenaire commercial de la Chine sur le continent africain, l'avait déjà adoptée en avril dernier. La banque centrale du Zimbabwe a fait de même dès mars 2014. Le Ghana, le Nigeria ou l'île Maurice l'utilisent également comme devise de réserve et de règlement. Peu à peu, le yuan s'étend sur le continent africain.
Faire du yuan une monnaie internationale
Cet engouement pour le yuan répond d'abord à une stratégie chinoise. L'objectif de Pékin est de faire du yuan une véritable monnaie internationale. Afin d'y arriver, la Chine augmente depuis plusieurs années le volume de transactions internationales qu'elle effectue en yuan. Selon une étude de la banque HSBC, la moitié du commerce réalisé par la Chine à l'étranger se fera dans sa propre monnaie en 2020.
Le but, à terme : que le yuan rivalise avec le dollar comme monnaie d'échange international. Aujourd'hui, le renminbi (la « monnaie du peuple », autre appellation du yuan) n'est qu'à la cinquième position comme monnaie d'échange, loin derrière le quatuor de têtes : dollar, euro, livre et yen. La Chine veut donc internationaliser sa monnaie, un des critères réclamés par le FMI pour intégrer le panier des tirages spéciaux, c'est-à-dire l'avoir de réserve international. La valeur de celui-ci n'est pour l'instant déterminée que par le dollar, l'euro, la livre et le yen.
L'Afrique, terrain privilégié pour l'économie chinoise
Cette adoption du yuan sert également une stratégie commerciale. Depuis 2009, la Chine est devenue le premier partenaire commercial du continent africain. En 2014, les échanges commerciaux sino-africains étaient de 2 220 milliards de dollars, soit vingt fois plus qu'au début des années 2000. Les investissements chinois en Afrique sont également en hausse, et s'élèvent à plus de 75 milliards de dollars entre 2000 et 2011, selon une étude du groupe de réflexion Center for Global Development. Ce sont les deuxièmes investissements étrangers vers le continent, derrière les États-Unis qui ont investi 90 milliards de dollars sur la même période.
L'expansion du yuan en Afrique pourrait donc faciliter ces échanges et ces investissements, voire à terme créer une véritable zone yuan en Afrique. Pour les pays africains, l'avantage d'adopter le yuan est double. D'une part, être moins dépendant des fluctuations du dollar. D'autre part, faciliter l'importation de produits chinois. En adoptant le yuan, les échanges n'ont plus à être réalisés via un intermédiaire, comme le dollar.
L'impact de la dévaluation du yuan
Ce choix d'adoption du yuan n'est cependant pas sans risque. La Chine a dévalué sa monnaie pendant trois jours d'affilée. Cette brutale dépréciation est vue comme une tentative de relancer une économie moins bien portante qu'il n'y paraît, en stimulant un commerce extérieur en difficulté. Si la Banque centrale chinoise cherche depuis à stabiliser le renminbi, les conséquences pourraient se faire ressentir pour les pays africains les plus liés avec la Chine.
L'Afrique du Sud par exemple, a réalisé en juin dernier un tiers de ses échanges avec la Chine en yuan, contre 10,8 % un an auparavant. Ayant déjà perdu près de 5 % le mois dernier contre le dollar, le rand, la monnaie sud-africaine, pourrait être encore plus fragilisé par la dévaluation du yuan. Cet épisode de dévaluation pourrait donc jeter le doute sur la capacité du yuan à pouvoir se substituer au dollar comme une monnaie stable d'échange international
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire