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Le FMI, déconnecté des réalités? Réunie en assemblée générale à Washington, l’institution financière peine encore à accorder à la Chine un poids reflétant son boom économique, qui vient pourtant de franchir un cap symbolique.
Dès cette année, Pékin devrait détrôner les Etats-Unis de leur rang de première puissance économique mondiale, selon des données alternatives publiées sans tambours ni trompettes par le Fonds monétaire international cette semaine.
Plus précisément, le produit intérieur brut chinois devrait atteindre 17.632 milliards de dollars et dépasser pour la première fois celui des Américains (17.416 milliards), selon une mesure de la richesse nationale dite de parité de pouvoir d’achat (PPA).
Si l’on s’en tient à la mesure plus traditionnelle, dite en prix courants, les Etats-Unis continuent de mener la danse mais la montée en puissance chinoise ne fait plus débat et devrait se poursuivre à un rythme sans équivalent dans le monde industrialisé (7,4% de croissance attendus en 2014).
- Légitimité en cause -
Le FMI semble pourtant avoir du mal à s’adapter à cette réalité, au risque d’affaiblir une institution qui n’a été dirigée que par des Européens depuis sa création il y a 70 ans.
«Le risque pour le FMI est qu’il devienne de moins en moins pertinent et de plus en plus illégitime», affirme à l’AFP Paulo Nogueira Batista, qui représente le Brésil et dix autres pays au sein du Fonds mais s’exprime à titre personnel.
A l’heure actuelle, la Chine dispose de moins de 4% des droits de vote au sein de l’instance de direction du FMI, à peine plus que l’Italie dont l’économie est pourtant cinq fois plus petite.
En comparaison, les Etats-Unis bénéficient de 16,7% des droits de vote, ce qui leur confèrent un droit de veto unique au sein de l’institution.
«La montée en puissance de la Chine et de l’Inde n’ont pas rendu les droits de vote alloués par le FMI inéquitables ou illégitimes mais tout simplement ridicules», dénonce à l’AFP Peter Doyle, un ancien cadre du Fonds qui avait claqué la porte de l’institution en 2012.
Cette sous-représentation ne se limite pas à la Chine et menace l’efficacité même du FMI, a mis en garde jeudi le gouverneur de la Banque centrale mexicaine Augustin Cartens.
«C’est une question importante parce que le FMI fournit des conseils politiques qui ne seront suivis que s’ils émanent d’une institution légitime», a-t-il déclaré jeudi lors d’une table ronde à Washington.
En 2010, le FMI a bien adopté une réforme rééquilibrant légèrement sa gouvernance mais son entrée en vigueur est suspendue depuis deux ans à une ratification parlementaire aux Etats-Unis.
La patronne du FMI, Christine Lagarde, s’est dite prête jeudi à exécuter une «danse de ventre» pour convaincre les élus américains mais elle ne peut pour l’heure que constater les dégâts.
«C’était attendu pour 2012. Le délai est amplement dépassé en 2014», a-t-elle déclaré, tout en assurant que son institution avait tenté de s’amender en interne.
«Ceux qui sont sous-représentés en termes de quotes-parts (contributions conditionnant les droits de votes, ndlr) ne sont pas nécessairement sous-représentés dans l’équipe de direction ou le personnel», a-t-elle insisté, faisant valoir qu’un des ses adjoints, Min Zhu, était chinois.
- 'Avancée modeste' -
Malgré ces changements et quelle que soit l’issue de la réforme de 2010, le Fonds devra aller plus loin et s’ouvrir davantage aux pays émergents, affirme à l’AFP Eswar Prasad, un ancien cadre de l’institution.
Cette réforme ne «représente qu’une avancée modeste des structures de gouvernance du FMI vers un reflet plus fidèle des réalités économiques,» affirme-t-il.
Et, selon M. Nogueira Batista, les résistances au changement restent fortes dans l’institution, notamment chez les Européens qui s’abritent derrière le blocage américain pour «reporter» tout changement.
Lassés d’attendre, les grands pays émergents des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) sont passés à l’action en juillet en créant leur propre fonds monétaire dans l’espoir de bousculer les institutions de Bretton Woods
Dès cette année, Pékin devrait détrôner les Etats-Unis de leur rang de première puissance économique mondiale, selon des données alternatives publiées sans tambours ni trompettes par le Fonds monétaire international cette semaine.
Si l’on s’en tient à la mesure plus traditionnelle, dite en prix courants, les Etats-Unis continuent de mener la danse mais la montée en puissance chinoise ne fait plus débat et devrait se poursuivre à un rythme sans équivalent dans le monde industrialisé (7,4% de croissance attendus en 2014).
- Légitimité en cause -
Le FMI semble pourtant avoir du mal à s’adapter à cette réalité, au risque d’affaiblir une institution qui n’a été dirigée que par des Européens depuis sa création il y a 70 ans.
«Le risque pour le FMI est qu’il devienne de moins en moins pertinent et de plus en plus illégitime», affirme à l’AFP Paulo Nogueira Batista, qui représente le Brésil et dix autres pays au sein du Fonds mais s’exprime à titre personnel.
A l’heure actuelle, la Chine dispose de moins de 4% des droits de vote au sein de l’instance de direction du FMI, à peine plus que l’Italie dont l’économie est pourtant cinq fois plus petite.
En comparaison, les Etats-Unis bénéficient de 16,7% des droits de vote, ce qui leur confèrent un droit de veto unique au sein de l’institution.
«La montée en puissance de la Chine et de l’Inde n’ont pas rendu les droits de vote alloués par le FMI inéquitables ou illégitimes mais tout simplement ridicules», dénonce à l’AFP Peter Doyle, un ancien cadre du Fonds qui avait claqué la porte de l’institution en 2012.
Cette sous-représentation ne se limite pas à la Chine et menace l’efficacité même du FMI, a mis en garde jeudi le gouverneur de la Banque centrale mexicaine Augustin Cartens.
«C’est une question importante parce que le FMI fournit des conseils politiques qui ne seront suivis que s’ils émanent d’une institution légitime», a-t-il déclaré jeudi lors d’une table ronde à Washington.
En 2010, le FMI a bien adopté une réforme rééquilibrant légèrement sa gouvernance mais son entrée en vigueur est suspendue depuis deux ans à une ratification parlementaire aux Etats-Unis.
La patronne du FMI, Christine Lagarde, s’est dite prête jeudi à exécuter une «danse de ventre» pour convaincre les élus américains mais elle ne peut pour l’heure que constater les dégâts.
«C’était attendu pour 2012. Le délai est amplement dépassé en 2014», a-t-elle déclaré, tout en assurant que son institution avait tenté de s’amender en interne.
«Ceux qui sont sous-représentés en termes de quotes-parts (contributions conditionnant les droits de votes, ndlr) ne sont pas nécessairement sous-représentés dans l’équipe de direction ou le personnel», a-t-elle insisté, faisant valoir qu’un des ses adjoints, Min Zhu, était chinois.
- 'Avancée modeste' -
Malgré ces changements et quelle que soit l’issue de la réforme de 2010, le Fonds devra aller plus loin et s’ouvrir davantage aux pays émergents, affirme à l’AFP Eswar Prasad, un ancien cadre de l’institution.
Cette réforme ne «représente qu’une avancée modeste des structures de gouvernance du FMI vers un reflet plus fidèle des réalités économiques,» affirme-t-il.
Et, selon M. Nogueira Batista, les résistances au changement restent fortes dans l’institution, notamment chez les Européens qui s’abritent derrière le blocage américain pour «reporter» tout changement.
Lassés d’attendre, les grands pays émergents des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) sont passés à l’action en juillet en créant leur propre fonds monétaire dans l’espoir de bousculer les institutions de Bretton Woods
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