CHINE AFRIQUE

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lundi 11 août 2014

Interview Othman Benjelloun, Une vision pour l’Afrique

Les Afriques

Une vision pour l’Afrique Version imprimable
11-08-2014
Présent en Afrique depuis 1989 et en Chine depuis plus d’une décennie, le groupe BMCE Bank vient de réaliser un coup de maître avec l’organisation en juin dernier de la première édition des «China-Africa Investment Meetings». En exclusivité, le PDG de BMCE Bank, Othman Benjelloun, nous dévoile les objectifs du Forum et sa vision pour l’Afrique.
Les Afriques : Vous avez présidé les 24 et 25 juin la première édition des rencontres«China-Africa Investment Meetings», organisées à Rabat par le groupe BMCE Bank avec la participation remarquable de plus de 250 investisseurs et chefs d’entreprise du Maroc, de Chine et d’Afrique subsaharienne. Pouvez-vous nous donner un bref aperçu des retombées immédiates de l’événement ?
Othman Benjelloun : Précurseur sur le marché chinois, avec l’ouverture dès l’an 2000 d’un Bureau de représentation à Pékin, le Groupe BMCE Bank s’est proposé, à travers la première édition des China-Africa Investment Meetings de continuer à œuvrer pour le rapprochement de ces deux grands partenaires par l’intermédiaire de groupes marocains et du Groupe BMCE Bank en particulier. Nous avons cherché à associer des personnalités publiques, gouvernementales, diplomatiques, nationales et étrangères, à la déclinaison des contours d’une nouvelle relation entre la Chine et l’Afrique, basée sur la solidarité, la réciprocité, l’adaptabilité et la valorisation du capital humain. Lors de l’événement fut rappelé le rôle fondamental joué par le Royaume du Maroc, sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, comme plateforme idoine et tremplin pour l’orientation des relations entre la Chine et l’Afrique. Aussi, nous importe-t-il de nous engager, public et privé, Africains et Chinois, dans une alliance sino-maroco-africaine qui verrait la mutualisation des moyens du Maroc et de la Chine en faveur du codéveloppement de l’Afrique subsaharienne. Nos deux pays pourraient ainsi représenter les deux extrémités de la Route de la Soie du 21ème siècle. Cette ambition, reflété dans la 1ère édition du CAIM a ainsi d’ores et déjà été couronnée de succès, en présence d’un éminent Conseiller de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et d’autres illustres personnalités tant du secteur public que du privé.

LA : La Chine est aujourd’hui le premier partenaire commercial de l’Afrique et parmi les principales sources de nouveaux investissements dans le continent. D’après vous, quelle est la formule ou quelles sont les formules qui font le succès de la Chine en Afrique ?
O.B. : La Chine a une longue présence économique et diplomatique en Afrique, accompagnée aujourd’hui d’une présence culturelle. L’instauration d’une rencontre régulière entre dirigeants chinois et africains, au travers du Forum sur la coopération sino-africaine qui en est aujourd’hui à sa 6ème édition, en est l’un des meilleurs exemples. Cet intérêt marqué pour le continent africain, au rôle économique de plus en plus important, se matérialise également à travers des principes et des valeurs revendiquées par la partie chinoise et disséminées dans les relations – sincérité, égalité et solidarité –, ainsi que par le renforcement des fonds mis à la disposition de l’Afrique. D’autres axes contribuent à la consolidation de ce partenariat, et plus particulièrement au niveau de l’accompagnement social par la construction de dispensaires et d’écoles, la contribution aux évolutions technologiques en Afrique par la formation d’ingénieurs et la mise à disposition de technologies, l’absence de conditionnalités pour les prêts accordés et les initiatives d’annulation de la dette.

LA : Premier groupe bancaire à s’installer en Chine, le groupe BMCE Bank a actuellement un partenariat unique avec la Chambre du commerce et d’industrie chinoise, Cajcci. Une année après la signature de l’accord de partenariat avec Cajcci, quel est le bilan de votre coopération en Afrique ?
O.B. : La première action d’envergure est précisément la tenue de la 1ère édition du CAIM. Plus d’une cinquantaine de rencontres B2B ont été tenues entre opérateurs chinois et africains et 4 conventions ont été signées. En tant qu’organisme à but non lucratif disposant du parrainage politique approprié, Cajcci représente la structure idoine pour développer un partenariat d’échelle entre la Chine et l’Afrique par notre entremise. La Chambre chinoise apporte sa connaissance fine de son marché, tandis que le Groupe BMCE Bank offre l’accès privilégié à un réseau bancaire en cours de déploiement à travers plusieurs contrées du continent africain. L’autre action d’envergure sera, après autorisation des autorités réglementaires chinoises et marocaines, l’ouverture d’une succursale de BMCE Bank Internationale à Shanghai. Par ailleurs, Casablanca Finance City (CFC) constitue un cadre de développement idoine pour un tel partenariat. Nous comptons renforcer la promotion de ce hub financier auprès de nos clients et partenaires chinois. CFC offrira l’opportunité à leurs entreprises ainsi qu’à des joint-ventures maroco- chinoises - dont la création est à encourager - de disposer, avec notre appui, d’une stratégie d’exportation et d’investissement proprement africaine, notamment dans les pays où les filiales du Groupe BMCE Bank sont implantées.

LA : L’agriculture, l’automobile, les phosphates, les énergies renouvelables, entre autres, sont des secteurs clés du partenariat entre le Groupe BMCE Bank et la Cajcci, pourquoi il est important de se focaliser, désormais, en Afrique, en termes d’investissements sur ces secteurs précis ?
O.B. : Ce sont des secteurs clés pour l’économie africaine et mondiale dans les années à venir. Avec une population qui doublera sur notre continent d’ici à l’horizon 2050, pour atteindre 2 milliards d’habitants, l’agriculture et l’industrie agroalimentaire représentent des branches stratégiques, au même titre que les phosphates. Concernant les énergies renouvelables, l’Afrique est aujourd’hui le continent recevant le plus d’ensoleillement, à même d’être converti en énergie solaire. Au-delà du projet Desertec, d’autres actions à mener, conjointement avec des entreprises chinoises, peuvent être initiées. La situation pour la logistique et les transports est similaire. Les exemples ne manquant pas, nous avons insisté sur les secteurs tructurants pour l’économie africaine, et en même temps, pour lesquels le continent dispose d’avantages comparatifs. En contribuant à transformer l’Afrique en une terre d’investissement, ce partenariat permettra l’émergence d’un espace prospère et stable.

LA : Est-ce que le forum China-Africa Investment Meetings va devenir un rendez-vous annuel, pensez- vous le tenir dans d’autres pays africains ?
O.B. : Cette première édition fut une réussite marquante et il y a tant de chantiers à conduire et à poursuivre que le China-Africa Investment Meetings pourrait devenir un événement bisannuel, voire annuel. Avec l’ambition portée par le Groupe BMCE Bank, au travers de sa filiale Bank of Africa, d’être présent dans les 54 pays du continent africain à l’horizon des 15 prochaines années. Il est envisageable que le CAIM se déroule alternativement au Maroc et dans un pays d’Afrique subsaharienne.

Propos recueillis par Sanae Taleb

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