Table-ronde de Beijing : L’industrie culturelle, un pilier de la coopération sino-africaine
L’industrie culturelle, un pilier de la coopération sino-africaine
Last Updated on Friday, 30 May 2014 20:53 Friday, 30 May 2014 19:21
Written by Maurice
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BEIJING (Chine) - La table-ronde sur l’industrie culturelle sino-africaine a pris fin, mercredi dernier, à l’hôtel Yuyang de Beijing. Les experts africains et chinois ont posé les jalons d’une collaboration qui promet d’être fructueuse.
La Chine veut faire du commerce et des échanges culturels les deux piliers de sa coopération avec l’Afrique. Lors de son périple africain, en mars 2013, le président Xi Jinping avait insisté sur cette option. Une option rappelée par le Premier ministre Li Keqiang, il y a quelques semaines, durant sa visite dans quatre pays du continent. Les participants à la table-ronde sur l’industrie culturelle sino-africaine espèrent que cette politique aura des répercussions positives sur la coopération entre les deux zones géographiques. Durant deux jours, ils ont échangé sur les opportunités du secteur et les échanges d’expériences. « Nous voulons jeter les bases d’une coopération plus pragmatique entre la Chine et l’Afrique. La culture est une source de cohésion sociale et elle occupe une position de plus en plus importante dans les économies de nos pays », a affirmé Aiping Zhang, directeur général des Relations extérieures au ministère chinois de la Culture. C’était lors de l’ouverture à laquelle ont assisté de nombreux diplomates africains parmi lesquels l’ambassadeur du Bénin et le conseiller aux Affaires culturelles de l’ambassade du Sénégal, Amadou Fall.
En Chine, l’industrie culturelle occupe une place de choix dans les statistiques économiques. En 2012, elle a généré des revenus évalués à 1.800 milliards de yuans (1 yuan égale 80 FCfa) et connaît une croissance annuelle de 6,8%. La demande en biens culturels est croissante, ce qui stimule le secteur devenu très compétitif. Ainsi, rien que les recettes générées par les spectacles représentent environ 46 milliards de yuans chaque année et connaissent une hausse de plus de 25% depuis 2007. Des sites du patrimoine chinois sont également très fréquentés et génèrent des ressources consistantes. L’année dernière, la Cité interdite avait reçu près de 175.000 visiteurs par jour. « L’industrie culturelle s’intègre de plus en plus dans l’activité économique. Ainsi, 282 milliards de yuans ont été investis dans le secteur en 2013. Les jeux vidéo développés par des Chinois connaissent, par exemple, une croissance de 30% depuis 2005 avec un chiffre d’affaires annuel estimé à 11 milliards de yuans. Nous voulons désormais passer du made in China au design in China afin de briser les idées reçues sur nos produits », a expliqué Ruofeng Sun, Inspecteur général de l’industrie culturelle au ministère de la Culture.
Programmes pilotes et partage d’expériences
L’ambassadeur du Bénin à Beijing espère que la table-ronde soit une opportunité pour de véritables échanges d’expérience entre Chinois et Africains. « L’Afrique ne doit pas être en marge du processus de développement, d’autant plus que la création et l’art sont les piliers d’une industrie culturelle génératrice d’emplois et de revenus », a-t-il déclaré. La Chine et les pays africains souhaitent créer des programmes pilotes, partager des informations en matière de commerce culturel, multiplier les stages de formation et promouvoir les échanges d’expériences dans ce domaine. Les experts africains ont, chacun, fait l’état des lieux de l’industrie culturelle dans leur pays. Une présentation qui dévoile les contrastes et les disparités selon les Etats, mais qui montre surtout les forces et les faiblesses du secteur. Le sous-équipement des infrastructures, l’insuffisance de la formation, le manque de moyens financiers… font que la culture est très souvent considérée comme la « dixième roue de la carrosse », comme l’a si bien dit Anthime Jean-Bernard-Depaul Goumba, le représentant de la Centrafrique.
Depuis plus de 50 ans, son pays n’a produit qu’un seul film de long-métrage, « Le silence de la forêt » du regretté Didier Ouenangaré. Cet exemple illustre à merveille l’état de l’industrie culturelle dans la plupart des Etats du continent où les créateurs gagnent à peine de quoi subsister. Des initiatives sont prises par les autorités publiques et les opérateurs privés, mais des étapes doivent être franchies avant l’implantation d’une industrie culturelle digne de ce nom.
Les experts chinois ont également fait des présentations sur différents secteurs de l’industrie culturelle qui est en plein développement dans leur pays. Ils provenaient de structures telles que StarTimes (société audiovisuelle), l’Ecole artistique Wuqiao de Hebei, la société de management de biens Intangibles du temple Shaolin, l’Académie d'économie et de management, l’Institut de stratégie internationale du développement de la Culture, la China international book trading corporation, l’Académie centrale d'administration culturelle, etc. Ils ont promis de faire le suivi des recommandations et de mener des projets communs afin que les partenaires africains bénéficient de leurs expériences dans le domaine. La table-ronde de Beijing pourrait ainsi être le point de départ d’une véritable relance du secteur si les contacts établis entre les deux parties aboutissent à des résultats concrets.
De notre correspondant permanent Modou Mamoune FAYE
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